L’histoire de Matthew débute un soir d’hivers. Il est accueilli dans ce monde par les mains de son père, chirurgien thoracique au sein de l’hôpital de Sidney, il avait convaincu la sage-femme de le laisser accoucher son fils. Abrams était un homme grand et charismatique. Sa réputation le précédait et lorsqu’il demandait quelque chose, personne n’osait jamais le lui refuser. Sa mère, qui avait tout de même fait tout le travail, était une épouse comblée. Son mari lui déposa son premier né sur le torse pour quelques instants. Elle avait toujours voulu bâtir une famille, Jonathan Abrams la lui offrait. Alors que les activités de Matthew se résumaient à manger, dormir et grimacer, il était déjà la plus grande fierté de son père. Plus les semaines passaient, plus il nourrissait d’envie pour lui.

La famille Abrams était aisée. Le salaire de Jonathan leur permettait une vie où Matthew, et bientôt son petit frère ne manquèrent de rien. Leur mère, Marie, n’avait pas besoin de travailler. Elle restait à la maison, comblant l’absence de Jo enchaînant de nombreuses gardes. Lorsque les garçons furent suffisamment grands pour aller à l’école, Marie s’inscrivit dans plusieurs associations. Matthew adorait l’accompagner les week-ends : fête de quartiers, maraudes, animations au foyer pour sans-abris. Elle apprit l’humilité et la bienveillance à ses deux fils. Pour autant, Matthew plus calme que son jeune frère était plus réceptif. Dès le plus jeune âge, il se discernait en lui un réel intérêt pour l’humain. Porté par l’innocence, il sympathisait avec tous ceux qui croisaient son chemin. Le petit être adorable aux yeux bleus était vite devenu la coqueluche de l’association, pour le plus grand bonheur de sa mère.

Le destin épargna le jeune Matthew tout au long de son enfance. Il eut la chance de se construit au sein d’une famille aimante et stable. Pour autant, il vînt un jour le temps de faire des choix pour l’avenir. Son père avait déjà une carrière toute tracée pour son fils prodige. Il excellait en science, avait un contact sociable formidable : il fera médecine, comme lui ! Et il sera chirurgien. Matthew, entrant dans l’âge de contradiction, ne comptait pas se laisser faire. Son ressentiment envers son père avait grandi. Il ne lui devait rien après-tout. S’il l’aimait profondément, un fossé se creusait entre eux sans que chacun ne sache pourquoi ou comment l’en empêcher.

Tandis qu’il s’éloignait de son père, Matthew se construisait son identité. Il se découvrait. A 15 ans, à l’heure des premiers émois, les yeux bleus du jeune Matt se transformèrent en armes de choc. Il fut source de bien des conversations auprès de ses camarades féminines. Quelques-unes osèrent lui demander de sortir avec elles. Ces propositions furent toutes rejetées. Lui, ne voyait que par le nouvel arrivé, un blond au sourire délicieux. Innocent, il se sentait curieux et attiré par celui-ci, avec qui il devint facilement ami. En quelques semaines, il passa son temps exclusivement à son côté. Son premier crush, sans même qu’il ne s’en rende compte. Leur amitié se termina brusquement. Matt l’avait invité un après-midi chez lui pour travailler sur leurs cours. Dans la chambre, il sortait plus de ricanement que de réelles avancées mathématiques. Matt avait lancé avec une précision surprenante le capuchon de son stylo au milieu du front de son ami, qui n’avait pas tardé à répliquer. Une chose en entrainant une autre, les deux s’étaient mis à se battre sur le lit de Matthew. Son père entra en furie dans la pièce, à ce moment précis pour son ami commençait à le maîtriser. Il l’emmena jusqu’à sa voiture, le raccompagna chez lui. Matthew n’eut plus de nouvelles et fut interdit de lui parler de nouveau. Pendant des mois, Matt refusa de pardonner à son père l’injustice qu’il lui faisait vivre.

L’incompréhension, le rejet et la rancune le submergeait progressivement. Le moindre désagrément, la moindre réflexion venait alimenter les ressentiments du fils vis-à-vis de son père. Sa mère était le témoin impuissant de la fragilisation de la famille. Lorsque Matt entra à l’université de Sidney pour y étudier la médecine, Jonathan cru avoir gagné. En réalité, le passage à la majorité créât la césure définitive.

Matt y découvrait les joies de la liberté et de la culture carabine. Porteur d’un charme singulier et d’une aisance sociale, il y fit de nombreuses rencontres. Durant les premières années d’études, il passa un temps conséquent ivre et désinhibé. Ses octroya ses premiers baisers lors de défis stupides. Ils étaient censés lui proposer des choix cornéliens : embrasser un homme ou boire un verre pimenté. Le choix était évident, il choisissait les lèvres douces de ses amis. Et puis, un soir dans l’une de ces nombreuses soirées, il fut dragué par un jeune homme. Ivre et flatter de cette attention, il se laissa bercer. Le lendemain, il se réveillait dans l’appartement de l’inconnu avec un mal de crane à se l’arracher. Il fila en douce avant que l’autre ne puisse s’en rendre compte. C’était sa première fois : pas glorieuse, mais sans regret. Il se sentait naître des ailes ! Voilà ce qui lui avait manqué depuis toujours. Voilà pourquoi il s’était senti comme spectateur de sa vie. Désormais, il en serait l’acteur.

Elliot était un bel interne pédiatrie d’origine américaine. Matt avait immédiatement craqué pour lui. Difficile de lui en vouloir, un beau et jeune médecin, entouré d’enfants plus adorables les uns que les autres. C’était un charmeur né. Il l’avait aimé immédiatement. Il semblait parfait. Trop parfait. Les deux jeunes hommes se côtoyaient depuis seulement 6 mois, que Mattew lui promettait sa main. Mais l’internant de l’étranger se terminait, il devait rentrer. Ils se promettaient mille choses. Elliot l’attendrait, Mattew viendrait à son tour faire une partie de son internat aux Etats-Unis. Et l’Australien tint sa promesse, il lâcha tout pour le rejoindre. Il squattait son appartement lorsqu’il n’était pas en garde. Et cela dura des mois et des mois. Un soir, il voulu lui faire une surprise. Il s’arrangea pour échanger sa garde et rentrer plus tôt. Et c’est muni un bouquet et du repas du soir qu’il découvrait Elliot le caleçon à l’envers et un inconnu qui n’avait même pas pris la peine de se rhabiller en l’entendant entrer. La déception fut terrible. Il quittait l’appartement dans un calme et un silence assourdissant. La trahison était grande. Et c’est quand la trahison est découverte que les langues se délient. Elliot l’avait trompé à maintes reprises. Il profitait de ses gardes prolongées pour vivre sa propre vie. Dès qu’il le pu, il rentra en Australie, auprès des siens.

Il mit du temps avant de se remettre de cette déception amoureuse. Aujourd’hui, cette page de son passé est tournée. Il en a tiré les leçons, il est bien plus prudent dorénavant. Aussi, il a arrêté les aventures et flirts d’un soir. Il sait ce qu’il veut et ne se satisfait pas d’aventures passagères. Il acheva sa formation et parti pour trois ans en Afrique. Il y mena plusieurs missions humanitaires auprès des populations locales. Lorsqu’il revint, il prit un poste à Melbourne au sein de leur service d’urgence. Il y est installé depuis 8 ans et s’amuse d’être devenu la coqueluche des infirmières. Elles l’ont nommé : plus beau parti de l’hôpital. Un titre qu’il affectionne avec bienveillance, même s’il les a soudoyés avec des pâtisseries pour l’avoir. Et puis, qui sait combien de temps sera-t-il encore sur le marché … ?