Famille Stradivarius - Vivant dans la jolie ville alpine de Chamonix, les Stradivarius sont une famille tout ce qu'il y a de plus respectable. Richard est le PDG de la branche de la fabrication de violons, alors que son père est directeur général de cette entreprise en général. Stradivari, qui s'est au fil du temps transformé en Stradivarius afin de coller au mieux à la marque et à l'instrument mythique qu'ils fabriquent depuis les années 1700.

Famille heureuse, famille tout ce qu'il y a de plus basique, les Stradivarius ont pourtant subi un drame lors de l'année 2013, lors de la disparition de leur unique enfant féminin : Odette. Toujours recherchée par les services de polices françaises. Depuis, si les affaires sont toujours florissantes à cause de ce « mauvais coup de pub », le tissu familial est aujourd'hui fragilisé par des parents désespérés en quête de réponse, un frère benjamin abattu et un frère ainé fou à l'idée de retrouver un jour sa petite soeur. Cette dernière qui est encore en vie et chaudement gardée à Melbourne par son mari : Lorenzo Flores. Depuis six ans, elle se fait appeler Proserpina et elle est la mère d'une petite fille, Luna, de cinq ans cette année.

• Richard Stradivarius (62 ans) & Glinda Stradivarius (60 ans)
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20 décembre 1991 ✧ Naissance ✧ Sept ans après son grand frère Samaël, c'est une petite Odette Sofia Stradivarius qui vient compléter la famille de luthier franco-italien. Née peu avant Noël, la petite blonde tient absolument de son père et fait son bonheur, car elle sera la petite artiste de la famille. Beau cadeau pour les deux parents, elle sera baptisée au mois de février suivant.

1993 ✧ Deux ans ✧ Alors que Sam a neuf ans, que sa petite sœur n'en a que deux, la famille s'agrandit une nouvelle fois. Un petit garçon, un petit Icare viendra compléter le tissu familial de Richard et Glinda Stradivarius, un autre enfant qui n'aura pas non plus d'attirance vers la musique, mais juste vers les arts, puis que désormais, il est commissaire priseur pour les plus grandes salles de ventes aux enchères mondiales, suivant où le vent le pousse.

1995 ✧ Quatre ans ✧ Samaël n'étant pas trop attiré par la musique, le résultat d'une éducation peut-être différente poussa rapidement la petite blonde à s'intéresser au commerce familial. Certes, c'était quelque chose qui rapportait gros, mais qui devait être une passion. Les questions sur les notes, les partitions, les instruments, sa mère lui proposât d'apprendre en plus de l'école que ça serait un plus. Et Odette, elle acceptât du haut de ses quatre ans, parce que la musique l'intéressait, mais surtout parce qu'elle aimait bien trop le travail de son père, mais à quatre ans, c'est difficile de dire qu'on ne veut pas faire comme papa ou comme maman.

1997 ✧ Six ans ✧ Elle se souvient avoir eu les yeux brillants quand son père lui avait donné un petit étui dont elle devinait la forme. Depuis des années, Odette avait désiré avoir un violon, même le plus basique de l'entreprise de Papa. Et ce Noël, elle l'avait enfin puis qu'elle allait commencer dès janvier les leçons de violon. Toujours heureuse d'écouter son père jouer avec le sien, les premières notes étaient fausses, mais on retire rarement l'héritage familial de ses veines et rapidement, en quelques années, elle a su en jouer correctement, assez pour participer au spectacle du conservatoire. En parallèle, il y a l'aquarelle de maman et cette envie d'apprendre à jouer de la harpe. Mais le violon est, et resterait son premier amour musical. Odette n'allait pas l'oublier.

2006 ✧ Quinze ans ✧ L'école sans musique était une plaie et franchement, apprendre à jouer de la flûte à bec n'avait rien de gratifiant ou d'extraordinaire. Alors elle avait du plaider sa cause auprès de ses parents, pour entrer dans un lycée parisien à des centaines de kilomètres de Chamonix, afin de recevoir des leçons de violon au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris. L'internat, le départ de sa famille, tout ça a été compliqué au début, mais aux cours et aux leçons de musiques se sont mêlées les leçons de chant, mais également celle de danses de salon. Sa famille était riche et peut-être en était-elle le cliché, mais elle aimait tout ça Odette, elle aimait se servir de ses doigts pour laisser les notes glisser le long des cordes de son instrument et tournoyer au rythme des valses viennoises.

2009 ✧ Dix-huit ans ✧ Les premiers émois, jamais sérieux puisqu'elle était trop passionnée par la musique pour entretenir une relation. Son BAC en poche, Odette a pu intégrer une faculté de langue. Pas de musique, elle était une bonne violoniste, mais elle n'était pas Renaud Capuçon ou bien Nicolas Dautricourt. Au mieux, elle pourrait aider son père pour le commerce international en parlant l'italien et l'anglais comme sa langue maternelle. Puis, il y eut ce Noël. Celui de ses dix-huit ans. Elle avait laissé sa vie à Paris pour redescendra dans ses alpes natales, afin d'y retrouver ses frères, d'y retrouver sa famille. Et elle l'a eu entre ses mains pour la première fois, un violon que son père avait dessiné pour elle, dans un bois blanc, aux dorures sur la table, mais aussi sur les chevilles, la volute. Des arabesques dorées qui décoraient l'instrument, qui le rendait plus féminin, une pièce unique parfaitement accordée dont les premières notes furent Lettres à Élise, une mélodie qu'elle appréciait pour l'avoir maîtrisé en premier sur son instrument de prédilection. Ce cadeau, elle le garderait toute sa vie, du moins, c'est ce qu'elle pensait.

2013 ✧ Vingt-deux ans ✧ Étudiante dans sa 5e année de en cursus de langues étrangères appliquées, anglais et italien, Odette était une personne comme les autres à la nouvelle Sorbonne. Une étudiante qui avait parfois du mal avec quelques matières économiques, qui avait du mal à mêler les études, ses sorties, ses loisirs, la musique et la famille. Sam était flic, Icare encore à l'école. Et elle était à Paris, seule. Le Marais était un quartier parfaitement éclairé, mais une soirée comme une autre, sagement vêtue d'une robe fluide au col en V, noire avec une fine dentelle sur le bord de ses manches trois quarts. Comment cela s'est passé. Elle ne sait plus exactement. Tout ce qu'Odette sait, c'est qu'elle s'est réveillée apeurée et paniquée dans un bateau, entourée d'autres femmes, plus jeunes, belles évidemment. Certaines parlaient espagnol, d'autres en anglais, elle pensait même avoir entendu du russe durant le trajet. Depuis combien de temps elle était là ? Elle ne savait pas. Elle était encore sous les effets de la drogue, les paupières lourdes quand un homme, gros bras, tête de méchant lui releva le menton pour l'examiner alors qu'elle allait simplement retomber dans son mutisme. Au fil des jours, ces hommes se moquaient, elle était trop vieille bien que jolie, que peut-être elle s'en sortirait bien à l'arrivée. Mais où ça l'arrivée ? Elle ne savait même pas où elle était avec qui elle était. Elle parlait peu, tentait d'écouter le moins possible les pleurs des autres filles en se couvrant les oreilles, se sentant sale d'être comme une marchandise, car c'est ce qu'elle était devenue, une marchandise.

Finalement, c'est genou à terre, la tête relevée de force par un de ses ravisseurs qu'elle a vue passer sa vie devant ses yeux face à des sourires mutins et des rires d'autres hommes. Des gérants de maisons closes, des macs, des personnes qui géraient la prostitution. Puis le silence et l'arrivée d'un autre homme. Échapper au grand boss. Elle se répétait ça dans sa tête, elle se le répétait. Au pire, elle finirait prostituée, au mieux, elle arriverait bien à trouver un peu d'imagination pour mourir dignement et s'épargner une vie de servitude alors qu'elle venait d'une bonne famille, avec une bonne éducation. Mon Dieu qu'elle maudissait Jade de l'avoir invitée à cette maudite soirée ! Quand finalement, elle ouvrit ses deux billes bleues pour les poser sur ledit grand patron, ça ne pouvait être que lui, vu comment il regardait la marchandise. Finalement, jusqu'à poser les yeux d'aller loin sur elle. Durant le trajet maritime, qui avait duré une éternité, on lui avait donner une nouvelle identité, elle n'avait pas eu le choix, comme toutes les autres. « Proserpina.» Qu'elle avait dit d'une voix fluette au fort accent français. « Proserpina Wood.» S'il avait tant de pouvoir qu'on le lui avait dit, Odette savait que tôt ou tard il saurait qui elle était vraiment. Et dans le fond, elle voulait juste oublier qui elle était, juste oublier, parce qu'elle n'était plus rien.

Mais peut-être à sa grande surprise, Alexeï, c'est comme ça qu'il se nommait. Alexeï ou Patron pour des hommes de moindre importance. Elle ne savait pas le sort qu'avaient mérité les autres filles qui étaient avec elle, mais la nouvelle Perséphone était juste courtisée par Hadès. On la préparait, elle se pouponnait pour un homme qui l'avait choisi. Pourquoi elle ? Elle ne le sait pas et n'a pas pensé à le demander. Un jeu de séduction, à la fois effrayant et plaisant. Oui, elle y a sans doute pris goût, au point qu'elle a peut-être un peu roucoulé pour obtenir cette première fois dont personne ne l'avait jamais gratifié. Cet homme était à la fois doux et brutal, il la traitait bien et finalement, Odette était de plus en plus loin.

2014 ✧ Vingt-trois ans ✧ Elle se souvient de ce matin-là Proserpina, les cheveux blonds encore en bataille, elle a levé les yeux vers Lorenzo assis dans le lit quand il lui à dit. On se marie dans un mois va choisir ta robe. Si son coeur a loupé un battement à cause de l'émotion et de la peur qui l'a envahie, elle a tenté d'en cacher le plus possible. Il n'était pas si déplaisant que ça Lorenzo... Il était juste... Exigent, maniaque face au contrôle qu'il assoit sur les personnes qu'il considère comme ses propriétés. Oui, elle avait de la chance Proserpina, elle était mieux traitée que certaines autres, elle avait de la chance. Est-ce qu'elle avait la possibilité de dire non ? Absolument pas. Alors, elle a demandé simple. Quel genre te plairait le plus ? Parce qu'elle voulait se faire plaisir, mais rester aussi la rose qu'il avait rencontrée l'an passé, ne pas faner pour toujours s'attirer les bonnes grâces. Et le mois suivant, jour pour jour, elle s'est mariée. Certes, loin de sa famille qui la cherchait activement. Mais un mariage grandiose, on peut dire de princesse, tant elle avait investi son temps et l'argent de son fiancé dans les préparatifs. Un mariage sobre, mais élégant qui lui ressemblait. Humble, mais sublime dans une robe sirène dans un tissu blanc soyeux, les épaules dégagées, il n'y avait que la courbe de son dos et de ses reins qui était habillée de boutons destinés à fermer ladite robe de mariée qu'elle avait choisie. Le plus beau jour de sa vie ? Non, le second seulement, mais elle l'ignorait encore à l'époque.

2015 ✧ Vingt-quatre ans ✧ Elle ne voulait pas de cet enfant, elle ne s'était pas sentie prête, mais tout ça avait pris. Parce que c'était comme ça. Et cette grossesse, la première, loin de sa mère et des conseils qu'elle aurait eus besoin, Proserpina l'a passée seule. Elle avait compris le désir d'un petit garçon, il avait déjà une fille Lorenzo, en avoir une seconde n'arrangerait peut-être pas la chose. Mais quand elle a su le sexe de l'enfant. Une fille, elle s'est maudite mentalement. Quand Luna a poussé son premier cri, elle s'est excusée après avoir serré le nourrisson dans ses bras. Elle était si fragile ça place, mais si friable qu'elle avait peur de tomber à cause de ça, qu'on la tue, qu'on tue sa fille. Mais Lorenzo aimait cette enfant, il l'adorait, s'en occupait avec la patience et l'amour dont elle avait besoin, Proserpina était perdue, trop jeune peut-être, mais sa vie tournerait autour de Luna et elle la donnerait pour Luna.

2018 ✧ Vingt-sept ans ✧ Comme elle l'a promis à Lorenzo, Proserpina prend un emploi plus officiel à l'aéroport. L'éducation des deux premières années de Luna étant terminée, elle sera deux jours par semaine une assistante aux ressources humaines. Le désir de contrôle de Lorenzo, même s'il n'a pas de limite, est un mal nécessaire pour garder les avantages qu'elle a obtenus avec le temps et la confiance qu'ils se vouent. Elle ne voudrait pas gâcher ce qu'elle a construit difficilement et dans une situation si particulière. Luna entre donc dans sa troisième année et peut-être admise en crèche, garderie, structure d'éveil pour la sociabiliser à l'extérieur et la jeune femme de vingt-sept ans qui entre désormais dans un métier plus réel que celui de peintre qu'elle exerce toujours les cinq autres jours de la semaine.

2019 ✧ Vingt-huit ans ✧ Dans les magazines qu'elle lisait, les sites de ventes d'instruments qu'elle suivait. Elle l'a vu, Proserpina s'est un instant effacé pour faire place à Odette, quand elle a vu son violon mis sur un site officiel. La vente de son violon qui servirait à des associations d'aide aux familles de jeunes femmes et jeunes filles qui se sont évaporées dans la nature. Elle le voulait, elle voulait absolument le récupérer cet instrument, son instrument. La vente avait lieu dans deux semaines sur internet. Est-ce qu'elle en a parlé à Lorenzo ? Non. Est-ce qu'elle oserait ? Sans doute pas. Elle avait accès à l'argent du couple, elle pourrait faire un achat, jusqu'à où elle serait capable de montrer pour récupérer l'instrument taillé pour elle ? Proserpina ne sait pas, Odette sait qu'elle monterait autant qu'elle le pouvait. Furieuse de vouloir l'obtenir.