T’es assise sur ton lit, en train de dessiner. Cela t’apaise, même si tu n’as pas l’impression d’être d’une grande productivité aujourd’hui. Depuis ta dispute avec Thomas, tu es morose. Déprimée. En colère. Tu n’en reviens pas des mots échangés avec lui, et pourtant, cela vous ait déjà arrivés d’être en conflit. Mais jamais à ce point. Et quelque part, tu t’inquiètes. T’as peur que cette dispute ait pu briser quelque chose dans cette amitié si forte qui vous lit depuis toujours. Mais en même temps, tu ne comprends pas comment il a pu hurler tout ça. Surtout qu’il ne veut pas se rentrer dans le crâne que tu es fautive dans cette histoire. C’est de ta faute si ton copain te met des coups, tu as dû faire quelque chose de mal, même s’il ne veut pas te le dire. C’est toi qui as fait quelque chose de mal et c’est pour ça qu’il va voir ailleurs … même si ça te fait mal. Soupirant lourdement, tu passes une main dans tes mèches rousses, qui reposent sur tes épaules. Tu fais toujours ça quand tu es nerveuse. Tu ne sais pas comment tu vas pouvoir arranger les choses avec ton meilleur ami et pour cause, dès que tu le vois, même de loin, votre dispute revient à ton esprit. Mais il te manque. Ton chéri t’a dit que c’était bien que tu te sois brouillé avec Tom, pour le peu que tu lui as parlé. Mais il ne se rend sûrement pas compte du vide que tu ressens au fond de toi … Repoussant ton carnet de dessin ainsi que tous les crayons qui traînent sur la couette de ton lit, tu te redresses rapidement. T’as la bouche sèche, il faut que tu ailles boire quelque chose. Et normalement, tu es toute seule dans l’appartement. Coupant la musique qui raisonnait jusqu’à présent dans ta chambre, tu sors ensuite de cette dernière. Ouvrant le réfrigérateur, tu prends la bouteille d’eau, avant de te servir un verre. Buvant tranquillement, la musique raisonnant encore dans ton esprit, tu n’entends pas les pas qui se dirigent dans ta direction. T’es complètement perdue dans tes pensées. Reposant ton verre dans l’évier après l’avoir fini, tu t’apprêtes à faire demi-tour, mais tu restes figée. Thomas. Plusieurs jurons viennent frapper tes pensées, sans que tu ne les prononces à voix haute. Avalant difficilement ta salive, tu t’en veux d’être aussi mal à l’aise actuellement en sa compagnie, alors qu’il est ton meilleur ami, celui qui te comprend le mieux. Enfin ça, c’était avant … Tu as envie de lui hurler dessus mais en même temps de le prendre dans tes bras. Sentiments contradictoires. Puis finalement, tu te dis qu’il faut que tu sortes de la cuisine. De toute manière, il ne veut pas comprendre les choses. C’est mieux pour vous deux. « La cuisine est tout à toi. Je te laisse. » Tu veux sortir de là. Tu parles d’un ton neutre, même si ton cœur semble souffrir mile mots. Puis tu te diriges vers la porte, même s’il faut que tu passes à ses côtés. Un pas après l’autre.

En croisant le regard de Thomas, on peut clairement dire que tu te sens mal. Tu n’as pas envie de lui parler. Tu repenses aux mots violents que vous avez échangés, sûrement les plus forts qui pourront exister dans votre amitié. Tu pensais sincèrement qu’il comprendrait la situation. Ou peut-être qu’au fond de toi, tu ne lui as jamais rien dit, car tu savais qu’il n’accepterait pas ta relation… Dans tous les cas, te trouver dans la même pièce que lui te fait souffrir intérieurement, même si tu n’en montres rien. Et pour cause, tu ne supportes pas de voir cette distance qui s’est créée entre vous deux, alors qu’avant, il était celui qui te comprenait mieux que personne. Sans parler que tu as envie de le prendre dans tes bras, comme pour effacer ces derniers jours et en même temps, tu voudrais lui hurler dessus de te juger comme il le fait. Tellement de pensées contradictoires. C’est pour cette raison que tu choisis la fuite. Peut-être pas la meilleure façon de faire, mais en tout cas, c’est celle qui te semble la plus correcte ! Et lorsqu’il répond, tu sens ton cœur se serrer un peu plus. Lui non plus ne semble pas vouloir de ta présence, vu qu’il ne te retient pas. Faisant un pas après l’autre, tu finis pourtant par t’arrêter, lorsqu’il t’annonce avoir quelque chose pour toi. Tournant la tête vers lui, tu hausses simplement un sourcil pour toute réponse. Tu ne vois pas réellement ce qu’il peut avoir pour toi … Te décalant légèrement pour qu’il puisse aller vers sa chambre, sans te frôler, tu patientes doucement. Tout en réfléchissant à ce que Thomas peut bien aller chercher. Le voyant revenir quelques minutes plus tard avec un gros carton, tu comprends immédiatement. Ta mère. Il n’y a qu’elle qui a pu ramener un tel carton ici. Et les paroles de Thomas confirment tes pensées. Hochant la tête, tu t’approches doucement du carton. « Merci. » Ta mère ne devait pas se douter que vous êtes en froid, sinon, elle n’aurait pas laissé ce carton. Attrapant un couteau dans le tiroir pour enlever le scotch, tu ouvres ensuite le carton avec une grande attention. Et sans grande surprise, tu trouves un paquet avec le nom de Thomas dessus. Comme d’habitude, ta mère a une fois encore pensé à ton meilleur ami ! Sortant le sachet, tu es prête à lui donner. Mais la voix de ton ami te stoppe en plein élan. Relevant les yeux au ralentit vers lui, tu le fusilles du regard, même s’il ne peut te voir vu qu’il est de dos. « Mes occupations ? Tu te moques de moi, Thomas, c’est ça ? Tu es jaloux que je sois amoureuse ou quoi ? » Les mots t’échappent, mais tu es tellement en colère ! Allant vers lui, tu lui poses avec rage le paquet de ta mère à côté de lui. « Tiens elle a encore pensé à toi, je lui dirais que ce n’est pas nécessaire pour la prochaine fois ! » Tu as le ton froid, en posant le paquet. Mais tu es tellement partagé entre tes sentiments aussi ! Inspirant profondément pour te calmer, tu fermes les yeux pendant quelques secondes, bras croisés sur le torse. Puis tu replantes ton regard dans celui de ton meilleur ami. « Ecoute Thomas. Tu n’approuves pas ma relation, soit. Mais par contre, en aucun cas, tu n’as le droit d’en parler à mes parents. Ça serait trahir ma confiance. »