La semaine avait été dure… Pénible serait le mot idéal. Lorenzo venait de rentrer chez lui après avoir dû régler un problème à l’aéroport de Launceston et il avait passé la semaine sur l’île de Tasmanie à négocier avec une compagnie aérienne qui menaçait de les laisser tomber s’ils n’avaient pas des meilleures conditions et des meilleurs prix de location. C’était le genre de caprices que le directeur général détestait. Habituellement, ça ne se rendait pas jusqu’à lui, mais cette fois-ci, il avait dû intervenir pour ne pas perdre des millions. Ce qu’il avait réussi à faire à la sueur de son front. Ça avait été plusieurs jours de négociations et de disputes jusqu’à finalement signer un nouveau contrat qui satisfaisait les deux partis. Lorsqu’il était rentré, le mafieux avait pris une bonne douche et il s’était effondré dans son lit. Ça ne lui arrivait pas souvent, mais cette nuit-là, il avait bien profité de chacune de ses heures de sommeil.

« Bon matin Patron. » L’homme grogna légèrement alors que l’une de ses assistantes avait pénétré dans sa chambre pour ouvrir les volets. « Le vol de retour s’est bien passé ? » Lorenzo se redressa sur ses coudes et observa la femme qui lui faisait dos. Son regard s’était attardé sur ses fesses parfaitement moulées par sa jupe. Le brun pinça les lèvres et il lui fit signe d’approcher. Négativement, elle secoua la tête. « Pas ce matin, je dois me rendre chez le traiteur pour votre soirée annuelle. Vous n’aviez pas oublié ? » Bien sûr qu’il avait oublié. Cette soirée mondaine lui était complètement sortie de la tête. Il en organisait une à chaque année dans un grand hôtel. Il n’y avait pas de raisons particulières, c’était une tradition. C’était également une manière de cacher une enchère qui avait lieu dans les sous-sols de l’hôtel de luxe. Certaines filles de son réseau étaient vendues au plus offrant, car elles n’avaient plus leur place parmi eux. Souvent c’était les femmes qui avaient voulu se croire plus malignes que la mafia et qui se faisaient punir. « Avez-vous besoin d’une accompagnatrice pour ce soir ? » Le mafieux cligna plusieurs fois des yeux. Il sortait tout juste de son sommeil et il était légèrement perdu. Il secoua la tête de gauche à droite. « Non, ça va aller. » Il avait déjà quelqu’un en tête. L’un de ses employés lui avait parlé d’une petite nouvelle tout à fait charmante qui avait un certain succès avec la clientèle. Sonny. C’était ce soir que Lorenzo allait enfin la rencontrer. Il voulait en savoir plus sur elle et surtout tenter de la convaincre d’en donner un petit plus. Son proxénète lui avait dit qu’elle avait littéralement tout et qu’on lui demandait souvent un extra que la jeune femme refusait de donner. Si elle pouvait leur rapporter plusieurs milliers de plus, Lorenzo allait gentiment la persuader que c’était la meilleure chose à faire.

Le mafieux finit par sortir du lit et il contacta son employé pour le prévenir qu’il voulait sa nouvelle escorte ce soir. Ce n’était pas négociable. Lorsque le patron voulait une fille, il l’avait. Peu importe ce qu’elle avait prévu ce soir-là. Ce n’était pas un choix qu’il donnait. Lorenzo n’acceptait pas le refus et ses employés le savaient très bien. Après une matinée chargée et un après-midi plus tranquille, Lorenzo quitta le siège social des aéroports pour rentrer afin de se préparer pour sa soirée. Il se vêtit de l’un de ses costards favoris et se dirigea vers son véhicule. Il avait opté pour la limousine ce soir, il aimait particulièrement se faire remarquer lorsque c’était sa soirée. C’est au point de rendez-vous choisi par le proxénète de Sonny que Lorenzo l’a rejoint. Il laissa son chauffeur ouvrir la portière et il sortit pour se diriger vers l’escorte. « Enchanté Sonny. Je m’appelle Lorenzo. » Il lui tendit son bras. « On ne m’avait pas menti sur ta beauté. » dit-il avec un sourire charmeur tout en la guidant vers la limousine pour une soirée probablement différente de ce qu’elle avait pu vivre avant. Lorenzo était un client particulier. Logiquement, il n’était même pas un client.  

Sans assistante, Lorenzo serait complètement perdu. La preuve, il aurait complètement oublié sa propre soirée. Et tout était tellement bien organisé que la soirée aurait facilement pu se dérouler sans l’organisateur. Il payait seulement. De toute manière, Lorenzo n’y restait jamais longtemps. Il restait une petite heure voire deux le temps de prendre deux ou trois verres avant de repartir avec une ou deux filles qu’il trouvait de son goût. De toute manière, la plupart de ses soirées se terminait entre les draps. Il était un homme à femmes et il avait un certain charisme qui en attirait plus d’une. De plus l’argent et sa notoriété l’aidaient énormément à pouvoir profiter de la gente féminine. Et même si l’homme se rendait accompagné à toutes les soirées, il ne repartait pas toujours avec son accompagnatrice. Tout dépendait. Surtout que ce soir, rien n’était certain. Il n’avait pas choisi n’importe qui pour l’accompagner. Il avait visé une petite jeune qui refusait d’aller plus loin avec les clients. Même si la forcer serait facile, Lorenzo ne le ferait pas. Du moins, pas ce soir. Sauf si vraiment elle venait à l’énerver et à le pousser à bout. Sauf que l’homme d’affaires ne pensait pas que ça allait arriver d’après la description qu’il avait eu de la jeune escorte. Elle semblait douce comme tout.

C’est à l’heure – pour une fois – que le mafieux arriva sur le lieu de rendez-vous afin d’accueillir la jeune femme qui était magnifique dans sa robe blanche. Il lui tendit un bras qu’elle accepta afin de la guider jusqu’à son véhicule. « Tu peux m’appeler Lorenzo. » Il donnait toujours son prénom. Il n’utilisait pas une fausse identité, jamais. Il s’était construit une solide réputation et il avait tout de l’homme complètement blanc. On n’arrivait pas à gratter pour voir tout ce qui cachait derrière Lorenzo. Aux yeux de tous, il était un directeur général d’Aéroport. Rien de plus. Pourtant, il avait un autre métier qui le poussait à abuser de la naïveté des jeunes femmes comme Sonny. Ce soir, il allait gagner la confiance de Carson pour ensuite la casser. Une fois dans la limousine, il put voir le regard presque brillant de la jeune femme. « Est-ce que nous allons inauguré ton premier voyage en limousine ? » Sa voix était tendre exactement comme le sourire qu’il lui offrit. L’homme s’étira légèrement pour attraper une bouteille de champagne déjà ouverte afin de verser deux coupes et il en tendit une à la femme. Il leva son verre dans la direction de Sonny : « À cette soirée qui s’annonce… prometteuse ? » Un nouveau sourire tendre malgré toutes les idées non-catholique qu’il avait déjà en tête.

Dans la limousine, Lorenzo avait bien remarqué l’admiration de la jeune femme devant la beauté du véhicule. Depuis toujours, Lorenzo vivait dans le luxe. Il en avait l’habitude, c’était même essentiel pour lui. Il était riche et il l’affichait bien. Entre sa limousine, son costard, sa montre, ses chaussures, il était facile de le deviner. De plus, il était l’organisateur de la soirée où Sonny l’accompagnait. Soirée qui était très mondaine, très chic. Tout le monde n’y était pas admis. Finalement le duo trinqua et Lorenzo ne put s’empêcher de lui sourire en portant son verre à ses lèvres afin de prendre une gorgée. Il ne l’avait pas lâché des yeux afin d’observer le moindre de ses mouvements. C’était une jeune femme magnifique qui entrait dans les goûts du mafieux. Le genre de femme qui semblait frêle et qu’il adorait détruire. À l’heure actuelle, ce n’était pas l’envie qui manquait. De plus, il adorait s’envoyer en l’air dans sa limousine, ça aurait pu être l’occasion si la jeune escorte avait été davantage ouverte. Il l’aurait tellement mieux payé.

Lorenzo se décala de manière à ce que sa cuisse se retrouve en contact avec celle de la jeune femme. Lentement, il laissa ses doigts parcourir le tissu de soie de sa robe. « Vous auriez tellement à offrir… » murmura-t-il à son oreille. Est-ce qu’il était en train d’insister. Non pas du tout. C’était uniquement une tentative de rapprochement. « Mais ne vous inquiétez pas. On m’a prévenu. J’aimerais juste comprendre pourquoi… Tout ce que vous perdez. » Il s’éloigna à nouveau pour ne pas la rendre plus à l’aise que nécessaire et il prit une nouvelle gorgée de sa coupe tandis qu’il la fixait dans les yeux en attendant une réponse. Pour elle, il était uniquement un client, elle n’allait sûrement pas se confier aussi facilement à lui, mais il tentait. À l’heure actuelle, le mafieux était en train d’essayer de contrôler ses pulsions. Il n’était pas nécessairement un bon client. Il n’avait pas l’habitude des refus. Il était le patron, il dirigeait, personne ne disait non sans risquer d’avoir une balle dans la tête. Escorte incluse. Quand il avait envie d’une fille, il la prenait et souvent sans demander. Sauf que la situation était différente. Sonny ne savait pas qui il était. Il avait décidé de se faire passer pour un client. Ça aurait moins compliqué qu’elle sache tout de suite qui il était. Certes, la situation aurait été plus tendue pour Carson, mais peu importe pour Lorenzo.

Passer par quatre chemins, Lorenzo ne le faisait pas habituellement. Carson avait presque de la chance que le mafieux ne lui saute pas directement dessus malgré l’envie bien présente. L’alcool et l’ambiance de la musique n’aidaient pas. C’était l’un de ses endroits favoris pour s’envoyer en l’air. L’homme s’était approché de la jeune femme afin de faire monter légèrement la pression, mais il voulait bien doser. Ils devaient encore profiter de cette soirée. Il ne voulait pas lui faire regretter tout de suite d’avoir croisé le chemin de Lorenzo Flores.

« Oh bien sûr que tu comprends. Tu comprends très bien même. » Il ne fallait pas le prendre pour un idiot. Elle pouvait se cacher derrière ses airs naïfs si elle le désirait, mais ce n’était pas de cette manière qu’elle allait berner le mafieux. Il connaissait trop les femmes et elles en avaient toutes envies. « Ce n’est pas grave. Ça ne saura tarder. » Il lui sourit, un sourire remplit de mystères et surtout de sous-entendus. L’homme s’était finalement éloignée pour boire lentement son verre de champagne en ne lâchant pas la jeune femme des yeux. La petite fête de Lorenzo était à l’autre bout de la ville, ils avaient encore un petit peu de temps à passer ensemble. « Étant donné qu’on ne peut s’amuser autrement… J’aimerais que tu me parles de toi. Je veux apprendre à connaître qui se cache derrière Sonny. » Le brun s’était mis à son aise dans sa limousine, il avait même détaché légèrement sa cravate tandis qu’il avait allongé ses bras sur le dossier de la longue banquette. « Et ne me dis pas qu’il n’y a rien à dire. Il y a toujours quelque chose à dire. » Il connaissait les timides dans son genre, elle allait probablement tenter d’éviter la question ouverte et c’est exactement ce que Lorenzo refusait. Il valait mieux éviter de le contrarier dès le début de la soirée si la jolie Carson voulait s’en sortir.