Rio de Janeiro, 10 avril 1994

À chaque année, Claudia Aranxia Soles a travaillé dans son atelier de couture pour élaborer les costumes des troupes de danse samba en prévision du carnaval de Rio qui avait eu lieu au début février. Avec sept mois de grossesse, elle peut seulement faire les croquis des costumes avec les mensurations des danseurs et danseuses mais elle possède la meilleure équipe de couture. Mariée à Marco Camoe Diàs, cette amoureuse du tango et de la salsa a été une artiste reconnue avant de tomber dans la haute couture. Cependant, le matin du 10 avril, le destin a fait que je pousse mon premier cri lorsque je vis le jour à 10h13 à l'hôpital la plus prestigieux de Rio et je suis présentée au roi et à la reine du Carnaval 1994. Papa portait un costume trois-pièces lorsqu'il s'est présenté à la réception car il était arrivé d'un voyage pour son entreprise de moulée pour animaux, qu'il a bâti en 1985 à Brasilia.

Mon éducation débute avec la garderie car mes parents sont très occupés à leur emploi. C'est en septembre 1997 que je fais mon entrée à l'école primaire avec mon intégration à la maternelle. Par la suite, je passe 9 ans dans une école spécialisée pour apprendre le brésilien, les mathématiques, l'écriture, la musique et ma mère m'a offert de prendre des cours de danse et de théâtre. Ayant des longs cheveux noirs corbeaux, je passe chez la coiffeuse, une fois par mois, pour faire couper les pointes et faire une mise en plis. C'est à l'âge de sept ans que j'ai eu la piqûre du tennis alors que j'ai regardé l'Omnium d'Australie. Malheureusement, le Brésil ne peut pas présenter un tournoi de cet envergure, les jeunes inconnues se présentent à Sao Paolo et les grandes vedettes n'osent pas venir.

Mars 2005, je vais avoir 11 ans, je suis sur le point de terminer ma cinquième année du primaire  et je rentrais de l'école située au nord de la ville. Débarquant de l'autobus après avoir pris le métro souterrain, je vois la police m'attendre à la porte de la maison familiale. Maman était atterrée et attendait avec impatience que je revienne de mes cours pour m'annoncer une terrible nouvelle!

"Ma chérie... minha querida... il va falloir que tu fasses preuve de caractère car on a eu une menace sérieuse. Ce matin, ton père a été victime d'un règlement de compte, abattu par un tueur-à-gages...

Nous sommes à un moment où notre pays subit d'énormes pressions politiques et mon père, qui a fait sa fortune dans la construction, a subi du chantage venant d'une entreprise qui utilise la corruption pour acheter les petits entreprises. Dans tous les cas, le crime règne au Brésil et mon père a payé le prix pour garder sa fortune. Dégoûtée de voir la pourriture régner dans sa patrie, maman a décidée que nous quittons le Brésil pour aller s'installer aux États-Unis afin que je profite du contact avec les vedettes féminins. En plus, je suis sur le point d'entrer dans le secondaire, en amorçant ma sixième année dans une école publique de New York. Engagée comme couturière, ma mère a rencontrée deux vedettes montantes, la belge Kim Clijsters et l'italienne Franscesca Schiavone, alors qu'elles visitent les boutiques. Apprenant que je rêve de jouer au tennis professionnel, les deux femmes font une promesse à ma mère que je vais avoir une passe gratuite pour le tournoi qui aura lieu au retour des classes. Puisque j'apprends le français en privée, mon premier match de tennis à vie opposait deux Françaises: Amélie Mauresmo et Mary Pierce. Le stade de Flushing Meadows est rempli à craquer et parmi la foule, il y a la grande Monica Seles qui était présente comme analyste pour le réseau américaine. Puisque j'ai participé à un atelier avec elle, l'année précédente, elle m'a reconnue et le plus beau cadeau qu'elle m'a offert, c'est de me présenter aux joueuses présentes. Heureuse de rencontrer mes idoles, j'ai profité de l'occasion de leur demander s'il y a une possibilité de joindre les rangs professionnelles. Dans toute l'histoire, aucune brésilienne n'a atteint les hauts rangs du tennis professionnel. Au cours d'un souper privée avec les soeurs Williams, Venus m'a confiée qu'elle a joint une académie de tennis en Floride et qu'elle serait ravie de me donner un coup de main pour mes services.

C'est en avril 2009, alors que j'avais 15 ans, qu'on me donne ma première invitation à un tournoi. Je m'envole en direction de Stuttgart, en Allemagne, pour le tournoi Grand Prix Porsche. Malheureusement, je suis battue et on ne m'a eu la chance de me donner une adversaire de taille. En septembre 2009, les Québécois ont vu mon jeu magistrale alors que je suis qualifiée pour le Challenge Bell, qui a eu lieu à l'Université Laval, terminant en quart de finale. Ma première présence à l'Open d'Australie a eu lieu en janvier 2010 et j'ai donné un excellent spectacle! Ravie du paysage australien, j'avais envie de vivre à Melbourne mais en 2012, ma carrière a pris un tournant alors que je remporte, à 28 ans, mon premier titre majeur, celui de Roland-Garros. L'année suivante, je passe l'été à Montréal alors que je participe au tournoi de la Coupe Rogers. En raison de la forte densité brésilienne dans la grande métropole, j'ai été invitée à visiter des cousines à maman pendant quelques semaines.

Depuis 2015, j'ai élu ma demeure à Melbourne, continuant à échanger des balles sur le terrain de l'Open d'Australie et participer à Wimbledon et au US Open... qui sait que je vais remporter autant de titres majeurs que les soeurs Williams? Oh, en passant, vous vous demandez pourquoi mon nom est Cervantès? C'est simple, c'est un hommage à un grand écrivain du pays natal de mon père, Miguel de Cervantès alors j'ai emprunté son nom pour mon image de marque.