Je suis ici, à Melbourne, depuis bientôt un mois maintenant. Ou peut-être moins. Ou peut-être plus. Quoi qu'il en soit, le bilan est le suivant : en ce temps, je ne suis pas sortie une seule fois. Pas que cela me dérange, au contraire : mon travail dans ce ranch me plait énormément, et je me sens bien en compagnie de ces animaux à quatre pattes. Seulement, mon père ne cesse de s'inquiéter du fait que je n'ai absolument aucune vie sociale : je lui dois bien ça non ? Une sortie. Une simple sortie.

En marchant dans le centre ville, je croise mon reflet dans une vitrine de boulangerie, et je me regarde quelques secondes : je n'avais rien mis d'extraordinaire. Un jean bleu brut skinny, un col roulé gris bleu, et des mocassins noirs. J'avais laissé mes cheveux détachés, un peu en fouillis je l'avoue -je ne les avais pas coiffé avant de sortir ; j'étais maquillée très légèrement, comme à mon habitude, et mon teint pâle arrivait à percer à travers cette vitre. Aussi, avais-je toujours été comme ça, alors plus rien ne m'interpellait.

Je n'avais aucune idée d'où aller. Adrian m'avait parlé d'un bar en ville : j'avais déjà oublier le nom. J'avais repris ma route, mon petit sac à main sur l'épaule. Et j'ai mis un certain temps avant de tomber sur une devanture qui attira mon attention : je restais devant, un moment, la tête penchée, à l'observer. Une bourrasque de vent me poussa à entrer, et c'est ainsi que j'ai poussé la porte de cet endroit.

L'intérieur était cosy : il me faisait penser à l'ancienne maison de Lisa. Mon léger sourire s'évanoui à cette pensée, tandis que je prenais place au comptoir. " Bonjour " J'ai posé mon sac sur celui-ci avant de glisser au barman dos à moi. " Je peux avoir une bière à la coco s'il vous plait ? "

L’odeur qui émanait de cet endroit était un mélange de vieux bois et de fumée de cigarette : je me suis toujours demandée comment pouvait-on fumer quelque chose dont l’odeur était si désagréable. Il faut dire que j’avais toujours été attirer par les odeurs exotiques : le monoï, la vanille, la coco. C’est pourquoi depuis que j’étais en âge de boire de l’alcool, mon choix s’était porté sur la bière à la noix de coco. Ma mère avait l’habitude de m’appeler son oiseau exotique : je me demande encore aujourd’hui si c’est à cause de mon parfum, ou de mes choix complètement décalés.

Après avoir demandée ma boisson, je jouais avec le dessous de verre, le fixant tandis qu’il faisait des allers-retours entre mes deux mains. Quand le barman me répondit, je stoppais mon petit manège, et un sourire amusé naissait sur mes lèvres, tandis que mon regard se leva à la volée pour observer cet homme de dos : était-il … ?

Il s’est retourné, et mon regard a trouvé le sien en un éclair : tiens, tiens, tiens … Une vieille connaissance. Mon sourire s’est agrandit contre mon gré, alors que la bouteille éclata au sol. « Il n’y aura pas que ma bière qui sera aromatisée à la noix de coco » J’ai lâché un léger rire en penchant la tête sur le côté, tandis qu’il observa les débris à ses pieds : comme moi, quelques années auparavant, il marmonna quelques paroles avant de disparaître. Alors je me suis levée, et je l’ai suivi.

Il s’était réfugié dans ce qu’on aurait dit une cave. En haut de l’escalier, j’observais son manège, son angoisse le remplir : il avait la bouteille entre les mains, et je m’attendais à ce qu’il me remarque, mais pas du tout. Il avait l’air … Déboussolé ? Il s’est assis, dos à moi, toujours sans remarquer ma présence : alors je me suis appuyée sur le mur à côté de moi, et je l’ai observé un moment. « On dirait que tu viens de voir un fantôme. » Je me suis redressée quand il s’est retourné, et je me suis palpée. « Je n’ai pas vraiment l’impression d’en être un pourtant. » Je lui ai souris, et j’ai fais demi-tour pour retourner à ma place dans la salle.

Allez savoir pourquoi, ses paroles ont transperçés mon corps pour atteindre mes entrailles : je me suis sentie inconfortable face à ces mots, presque ... Touchée ? Coulée. J'ai froncé les sourcils un instant après ses premières paroles, mon sourire évanoui : ai-je laisser une si mauvaise impression ? Moi qui avait cru avoir simplement été quelqu'un, l'espace d'un instant, puis évanouie, même pas un souvenir.

J'ai penché la tête sur le côté un instant, avant de me détourner de cet endroit pour reprendre ma place vers le comptoir du bar. Tandis qu'il s'occupait de nettoyer les dégâts du verre brisé (et peut-être de la situation aussi), je réfléchis, le regardant d'un coin de l'oeil : avait-il gardé ce souvenir aussi précieusement que je l'avais fais ? Je ne l'aurais jamais juré : je savais juste qu'il m'avait mise mal à l'aise face à cette colère, presque haine. Et maintenant, je ne savais plus trop comment faire.

Il a finit par me servir ma bière. Et en entendant les effluves de sa voix aussi proche de mon visage, j'ai déposé mes lèvres sur les siennes : assez furtivement pour ne pas m'attarder, mais sincère. 'Sincèrement désolée' aurais-je aimé dire. Mais ça n'était pas mon truc, les excuses : et m'excuser de quoi ? De ne pas m'être rendue compte que j'avais bien plus qu'exister ce soir-là, à ses yeux ? N'importe quoi.

J'ai attrapé mon verre, la paille : je l'ai glissé entre mes lèvres, en le regardant intensément, et j'ai pris une gorgée -peut-être deux, ou trois, avant de reposer le verre devant moi. Here we are, Nina : t'es devant lui, devant cette chimère qui, quelques années auparavant, avait fait chavirer ton coeur. Qu'est-ce que tu es censée dire, ou faire maintenant ? J'ai regardé mon verre, mordillant ma lèvre inférieure, incapable de parler. J'ai juste levé les yeux vers lui pour le regarder, priant pour qu'il comprenne mon silence : priant pour qu'il comprenne tout ce qui ne sortait pas.

Je ne saurais dire si le silence dans le bar m'a troublé, ou bien fait sourire. En tout cas, il avait l'air connu dans ce lieu, et c'est pourquoi ce baiser avait également un goût délicat. Avais-je taper dans le mille ? En buvant les gorgées de ma boisson, j'ai patiemment attendu une parole, un geste, quelque chose de sa part ; une indication sur la marche à suivre, sur quoi faire, quoi dire. Et bientôt il arriva : ce signe, tant attendu.

J'ai écouté ce qu'il me dit ; je me suis délestée de ses lèvres contre son verre, tandis qu'il avala une gorgée de sa boisson, aux arômes bien trop savoureux. J'ai savouré le moindre de ses mots, aimant la façon dont il tourna les choses : et cette manie de dire à demi-mot ce qu'il pensait. Je l'ai laissé partir, le regardant du coin de l’œil en avalant d'autres gorgés de ma boisson.

Il avait raison, c'est vrai : je ne pouvais plus tellement fuir maintenant. Je n'avais pas 18 ans, et je ne rentrais pas en France. Aujourd'hui, tout était différent, sauf la façon dont je ressentais les choses. Il revint bien trop vite, troublant mes pensées ; et interrompant ma démarche intérieure. J'ai respiré un peu bruyamment, reprenant mon sourire aux coins des lèvres. " La fréquence de nos baisers peut être plus rapprochée si tu le souhaites. " Une pause. Un regard insistant, et bien trop coquin.
" Lynch. "

J'avais aimé ce qu'il avait murmuré. Je ne sais pourquoi, ces sentiments étaient aussi désagréables que bons, aussi amers que sucrés, aussi difficiles que doux. C'était aussi simple que compliqué d'être prêt de lui. Alors qu'il s'apprêtait à reprendre une gorgée de son verre, je lui pris d'entre les mains, et rapidement, j'en pris un peu entre mes lèvres avant de le reposer entre ses mains.

Je ne sais pas trop si c’est la façon qu’il a de me regarder, ou bien sa voix suave, ou alors son odeur de transpiration mélangé à la coco, mais quelque chose chez lui me troublait. Plus que ça, sa présence m’enivrait, comme si j’avais bu un peu trop, et que je me mettais à danser au milieu de la pièce, sur une musique qui n’existait que dans ma tête. Oui, il était enivrant : et je n’aurais échangé ça pour rien au monde.

Mais j’étais incapable de le lui dire, de me l’avouer même : moi qui, toute ma vie, s’était contentée d’effleurer les gens, sans laisser aucune trace. C’était volontaire oui, mais ce que je faisais avec lui n’avait rien avoir : j’étais maladroite, silencieuse, presqu’inexistante. Et pourtant, je le cherchais, recherchais, comme s’il m’apportait un besoin vital. C’était quelque chose de beaucoup trop complexe pour être expliquer : même dans ma tête, c’était confus.

Alors je vous laisse imaginer, quand il a commencé à parler de nouveau, puis quand il a effleuré mes lèvres, la sensation de chaleur qui m’a envahi. Indescriptible -mais je sais que vous savez de quoi je parle. J’ai choppé mon verre pour boire une grande gorgée, quittant son regard un instant. Puis je lui ai répondu, un sourire au coin des lèvres. « Ce n’est pas avec tes nerfs que je veux jouer. » J’ai ris, légèrement, presque comme une adolescente.

Et alors, sa dernière phrase m’a décontenancé : étais-je aussi insaisissable que ça ? Hors de portée ? Un électron libre. J’ai froncé les sourcils, le regardant, perdant mon sourire un instant, la tête penchée sur le côté. Je n’avais pas pour habitude de réagir autant à des paroles : d’habitude, je me contentais juste d’écouter, et de laisser glisser. Mais tout était différent avec Lynch : de la façon dont j’écoutais, à la façon dont j’étais.

« Je pourrais simplement repartir, si tu le souhaites. »

J'aurais aimé avoir le courage de lui dire qu'il avait déjà sa place vers moi, mais il n'y a rien qui sortait de ma bouche : un long silence s'installa, et j'étais incapable de le briser. J'aurais aimé lui dire que je ne voulais pas m'enfuir, même si tout dans mon corps me poussait à m'échapper, comme quelques années auparavant : pourquoi j'avais toujours eu envie de fuir les sentiments ? Volatile.

J'ai siroté le fond de mon verre, et une fois finie, j'ai levé la tête vers lui : il fallait que je lui dise quelque chose, sinon il allait penser que je ne ressentais rien, et si quelqu'un allait fuir cette fois-ci, c'était lui. Pas moi. " Je peux ravoir une bière s'il te plait ? " Je lui ai souris, doucement, presque comme si je m'excusais de simplement lui dire ça. J'ai regardé autour de moi, et en voyant le bar quasiment vide -ou juste silencieux ?- j'ai poussé un léger soupir.

" Ca fait longtemps que tu travailles ici ? " Je ne savais rien de lui. La vérité me frappa en pleine face, et je peinais à respirer en m'en rendant compte : j'avais développé des sentiments pour quelqu'un que je ne connaissais pas. Papa m'aurait dit que c'est une mauvaise idée. Maman m'aurait simplement dit que le cœur a ses raisons, que la raison ignore ; ma raison n'était pas contente.

" Tu finis à quelle heure ? " Une pause. Une inspiration. Du courage. " J'aimerais bien qu'on aille se balader après ton service. " Attention au dégonflage. Au regret. " Enfin ... Si tu en as envie. " J'ai rougis. Mais dans le genre ... Tomate des champs. Pleine de soleil. J'ai pincé mes lèvres, j'ai baissé la tête, et je me suis tue : bravo Nina, vraiment. T'es très douée avec les gens.

" Oh, c'est ton établissement ? " C'était plus une question rhétorique, vu qu'il venait de me répondre en me disant la date approximative d'ouverture de l'établissement : en même temps, je m'attendais à ce qu'il soit quoi ? Avocat, jardiner, militaire ? Au final, ça lui correspondait bien. Enfin, ça correspondait bien à l'image que j'avais de lui : après tout, qui dirait de moi que je suis simple palefrenier-soigneur ? Personne. Si bien qu'au ranch, souvent, on croyait que j'étais une cavalière. Mais non : j'aimais passer du temps à aimer et soigner mes chevaux, que je considérais aussi important que n'importe quelle personne sur cette Terre.

J'ai acquiescié à sa réponse, lorsqu'il me dit de prendre mon mal en patience. " Tant qu'il y a de la bière à la coco, de la musique de fond, et un homme aussi charmant face à moi ... Je peux attendre la nuit entière. " J'ai avalé de grosses gorgées de ma bière, l'alcool commençant à faire son petit effet désinhibiteur : et là, je ne donnais pas tellement cher de ma personne. J'ai observé autour de moi : les quelques clients restant parlaient ensemble, assez silencieux, comme s'ils étaient au courant qu'ici, se tramait quelque chose d'anormal ; nous.

Je me suis levée lorsque Lynch a prit son téléphone en main, et, laissant mon sac sur le comptoir, mais prenant mon verre dans une main, j'ai commencé à faire le tour du bar, regardant les tableaux sur les murs : ils représentaient tous plus ou moins l'Australie. Ils n'étaient pas plus beaux que ça, mais -l'alcool aidant, je les trouvais fascinant. J'ai commencé à fredonner la musique qui passait en fond, et continuant mon parcours dans le bar, j'ai commencé à me déhancher subtilement ; sûrement tellement subtilement que personne ne pouvait le voir, sauf moi.

J'ai bu une autre grosse gorgée de ma bière, les yeux fermés.

J'avoue que ses paroles ont retentis dans mon corps, dans ma tête, dans mon âme : ils ont réchauffé mon coeur - ce coeur que personne n'avait su faire battre autant que lui. Ce coeur que j'avais protégé de tout et de tout le monde, depuis que j'ai l'âge de savoir ce que les sentiments infligent. Et pourtant .. Aujourd'hui, face à Lynch, mon coeur n'avait plus peur du tout : et j'avais l'impression de ne plus rien contrôler. Et pourtant .. Il le fallait.

J'ai jeté un œil vers lui pendant qu'il nettoyait le comptoir, sans répondre à ses paroles : je ne pourrais jamais lui dire que je ressentais la même chose. Je pourrais pas. Pas que je ne le pensais pas, mais ... Téléphone qui vibre. J'ai froncé les sourcils et j'ai sortis mon téléphone de ma poche arrière avant de décrocher. " Oui ? " Oh. Papa. J'ai souris, grandement, contente à l'idée d'entendre sa voix. Mais en me rappelant de l'heure, j'ai vite froncé les sourcils, et mon sourire s'est évanoui quand c'est la voix de l'infirmière que j'entendis.

J'ai quitté le bar d'un coup, laissant mes affaires derrière moi. Dehors, j'ai écouté les paroles de Jeannine : seulement quelques mots parvenaient à mon oreille. Papa. Coeur. Malaise. Hôpital. Stable. Fatigue. Autorisation. " Oui bien sûr. Faites ce que vous devez faire pour lui. " J'ai rongé mes ongles, les sourcils froncés. " Non, je ne peux pas rentrer pour le moment. " J'ai secoué la tête en soupirant. " Je vous envoie une lettre par mail dès demain matin. " Je me suis appuyée contre le mur du bar. " Merci Jeannine. Je l'appelle demain. Prenez soin de lui, je vous en prie. "

J'ai raccroché. J'ai regardé le ciel, un instant : quelle poisse. Et puis, j'ai repensé à Lynch : j'espère qu'il ne pensait pas que j'étais partie comme une voleuse, comme il y a quelques années. Je me suis redressée, et j'ai refranchi les portes du bar, le regard vide, le teint livide. J'étais ... Epuisée.

Assise là, face à lui, après cette annonce me faisait du bien : pour la première fois de ma vie, quelqu'un entrait dans ma sphère intime. Et ne plus se sentir seule face à l'océan, ça faisait du bien : il me faisait du bien. Je lui ai souris, doucement. J'ai regardé ses mains posées sur la table, et avec mes doigts, j'ai tracé un chemin jusqu'à elles : et j'ai tapoté sur leur dos, avant de retirer ma main du dessus de la table. " Ca va aller. "

J'ai inspiré, silencieuse. Je pense que c'était le bon moment pour lui montrer que moi aussi, je n'étais pas simplement inhumaine, mais que j'avais des sentiments. Est-ce qu'il partirait avec le morceau de moi que je m'apprêtais à lui donner ? Il fallait que je prenne le risque. " Mon père est resté en France. Il a eu un accident cardiaque : un simple malaise selon son infirmière. Mais du coup, je suis responsable de lui alors : c'est moi qu'on appelle. "

Je regardais la table et ses fissures, et je n'ai pu m'empêcher de faire le parallèle avec moi : un beau bois, d'une belle couleur, avec pleins de marques. J'ai haussé les épaules et j'ai relevé mes yeux pour les planter dans ceux de Lynch. " Ca va aller. Ne t'inquiètes pas autant : on dirait presque ... " Je n'ai pas continué ma phrase. Je ne sais pas pourquoi, peut-être parce que j'aurais aimé que ce soit le cas : ou pas d'ailleurs. En tout cas ... J'ai laissé mes mots en suspension avant de me redresser.

Je me suis penchée vers lui, mon visage à quelques millimètres du sien : et j'ai planté sur le bout de son nez, un baiser. " Dépêche-toi de servir les clients, histoire qu'on puisse la faire cette balade. " J'ai planté un baiser furtif sur le coin de ses lèvres et j'ai trottiné jusqu'à mon sac : je l'ai ouverts, j'ai glissé mon téléphone dedans, avant de me retourner pour le regarder, et lui faire un clin d’œil. " Je peux avoir un verre de crème de coco s'il vous plaît, Monsieur le barman ? " Et j'ai ris : un rire joyeux, qui trancha l'atmosphère lourde du bar.

Il n'était pas forcément le plus doué pour réconforter les gens. Il n'était pas non plus l'homme le plus doux, et le plus délicat de toute la planète. Il n'était pas parfait, facile à déconcentrer. Mais pourtant, sa présence m'apaisait. Ses paroles me soulageait. Et sa façon de laisser tomber le sujet m'avait fait plaisir : je ne me voyais pas lui raconter ma vie. Pas ce soir. Pas encore. Je n'étais absolument pas prête à confier tout ça à quelqu'un.

A son baiser sur mon front, je fermais les yeux un instant : je me rappelais de toutes les fois où mon père me faisait ça. Quand j'étais petite. Ma mère aussi : c'était si rare qu'elle m'embrasse. Elle me manquait : énormément, chaque jour qui passait. J'ai pris mon verre et j'ai bu une gorgée : j'adorais le goût de la coco. " Merci monsieur. " Je lui ai souris, et j'ai regardé le reste du bar : il ne restait plus grand monde. Et ça me faisait plaisir de me dire que j'allais bientôt ne l'avoir que pour moi.

[25 minutes plus tard.] Le dernier client sortit du bar. J'en étais à mon quatrième verre de bière, en plus de mon verre de crème de coco : j'étais ... Euphorique. Presque en extase devant Lynch. " Je me demande comment j'ai pu attendre aussi longtemps pour qu'on se revoit. " J'avais peur. Peur de la situation. De ce qu'il pouvait me faire ressentir. Et de ce que je pourrais dire maintenant que l'alcool faisait effet.

J'ai pris mon sac, et j'ai sauté sur mes deux pieds en attrapant la main de Lynch. " On y va ? Dis, on peut y aller maintenant ? " Je l'ai tiré, et j'ai embrassé son cou. " Vieeeens. "

L'alcool grimpait, réellement. Je n'avais pas l'habitude de boire sans réfléchir : encore moins en présence de personnes. Mais ce soir, j'avais eu envie de me lâcher, de ne pas penser au contrôle de moi-même et .. Et même si ma tête me hurlait que non, je voulais pouvoir lui dire tout ce que j'avais sur le cœur : en mettant ça sur le compte de l'alcool, au cas où je n'assumerai pas.

Alors quand j'ai attrapé sa main, et que je l'ai tiré dehors ; quand j'ai vu qu'il ne disait pas non, ça m'a vraiment mise en joie. L'air frais allait dans mes cheveux ; le froid pénétrait mon corps. J'ai lâché la main de Lynch, et j'ai écarté les bras au milieu du trottoir, tout en tournant sur moi-même : je me sentais libre, légère, et ... Pleine de vie. Enfin. Comme si j'avais attendu ça toute ma vie.

Je me suis retournée vers lui, quand il eut fini de fermer son bar, et j'ai attrapé son bras. Je l'ai regardé par en bas, et j'ai souris. " On va dans la direction que tu veux. " J'ai posé ma tête contre son épaule, et j'ai laissé glisser ma main dans la sienne. " Mais emmène-moi partout avec toi. "