Lucie regarda l'heure. Elle était angoissée. Elle savait que ses enfants rentreraient plus tard de leurs établissements respectifs : école, lycée ou encore université. Peu importe. Elle attendait sagement que Mitch ne rentre. Il serait là avant eux, c'était justement pour ça qu'elle s'impatientait autant. Il fallait qu'elle lui parle. C'était important, il était le seul à pouvoir l'aider à faire retomber son inquiétude et à l'aider à trouver des solutions. C'était sans doute pour cette raison aussi qu'elle l'aimait autant. Il trouvait toujours les mots juste pour la calmer, même si ce n'était que pour cinq misérables minutes.
Elle avait eu des nouvelles de Paul. Paul, c'était son "ex compagnon", celui qui avait su l'aider à surmonter la mauvaise passe du couple quand elle et Mitch s'étaient séparés. Elle n'avait jamais rien ressenti pour lui qu'une énorme affection mais il se trouvait... Qu'ils avaient eu Thao ensemble. Et si leur fils n'avait jamais perdu le contact de son père biologique, ce fameux géniteur n'avait de cesse que de vouloir trop s'impliquer dans la vie de son fils et de la mère de son fils. Sa dernière lubie. Voilà ce qui inquiétait Lucie plus que cela n'aurait dû.
Alors qu'elle tripotait son bracelet fétiches, les bras posés sur le plan de travail de la cuisine et les yeux rivés sur l'horloge, elle entendit une clé dans la serrure qui n'eut d'effet sur son conscient qu'une fois la porte ouverte. Elle ne se précipita pas, comme elle l'imaginait, sur son époux dans l'inquiétude. Elle s'était figée, gelée par la peur, dans cette position, le cœur battant à toute vitesse. Quelques secondes de trop et puis... « Mitch ? » lança-t-elle d'une voix tremblante, lui indiquant sa présence et l'endroit où elle était.

Le plus difficile ...

@Lucie Stillinsky & mitch stillinsky

☾☾

Tu avais passé une drôle de journée, ta voiture était tombée en panne et tu avais finalement fini par rentrer. Tu as invité ton sauveteur à manger un truc à ton restaurant, mais tu n'étais pas resté. Prétextant un mal de ventre. En réalité, tu n'avais qu'une idée en tête, rentrer plutôt afin de pouvoir retrouver ta délicieuse femme. Alors, que le taxi te dépose devant chez toi, tu regardes dans l'allée si la voiture de ton épouse est garée. Tu ne le vois pas et pourtant elle devrait déjà être arrivée depuis quelques minutes. Tu te dis qu'elle a dû faire des heures supplémentaires avec une future grande danseuse. Tu paies le taxi et d'un pas décidait tu rentres chez toi. Tu crois entendre une voix familllière, mais plus rien. La maison est calme, la maison est vide. Tu aimes tes enfants, mais tu apprécies aussi le calme de leurs absences. Tu regardes l'heure, tu décides de te mettre au fourneau afin de faire un bon petit plat à tes enfants et à ta femme. Tu sais qu'elle aime te voir cuisiner. Et toi ça te fais plaisir, car quand tu cuisines tu te sens enfin utile. Tu mets la musique d'un vieux groupe de rock en fond et tu danses en préparant le diner. Tu boites, mais tu t'en moques, tu es seul chez toi. Puis alors que tu mélange la farine et les jaunes d'oeufs, tu te retournes et tu es à deux doigts de tout faire tomber quand tu remarques une silhouette arrivée. Tu reprends tout souffle et tu rigoles devant ta réaction. Vive l'ancien flic te dis-tu. Tu baisses la musique et tu t'approches de la silhouette. C'est ta femme, elle semble songeuse, tu t'approches pour l'embrasser tendrement. "Tu es là depuis longtemps ? Je n'ai pas vu la mini garé dans l'allée. Je pensais être seul." Puis tu te souviens que la tienne ni sera jamais plus. Tu as un petit pincement au coeur, car cette voiture compte pour toi. Mais, tu sais que cette nouvelle va faire plaisir à Lucie qui n'attend que cela depuis un petit moment. A ses yeux, ton 4x4 consomme trop, polu trop et prend trop de place. Toi, quand tu las roulais tu te sentais bien, tu te sentais en sécurité. "Tu n'as pas vu le 4x4, il est certainement mort. Il est au garage en ce moment." Puis tu regardes ta femme qui semble dérangé par quelques choses. "Quelque chose ne va pas chérie ?"

CODAGE PAR AMATIS

hs: désolé pour l'attente, j'avais zappais ce rp

Plus les secondes s'écoulaient et plus elle se demandait comment elle avait pu laisser Paul rester dans sa vie. Cette grossesse, elle aurait pu la faire passer pour un moment avec son mari plutôt qu'avec cet homme. Que Mitch soit le seul au courant. Mais son honnêteté l'avait perdue au milieu de ce fouillis qu'était alors sa vie. Elle regrettait sincèrement d'avoir laissé cet homme prendre une importance indésirable dans sa vie, même s'il avait été là pour l'aider. Elle lui devait beaucoup aujourd'hui encore. Si des années auparavant la dépression ne l'avait pas gagnée, c'était grâce à lui. Mais jamais elle n'aurait dû laisser quiconque prendre plus d'importance que son mari, surtout pas une personne pour qui elle ne ressent pas de sentiments.
Statufiée, elle n'avait même pas remarqué que Mitch ne l'avait pas vue. Alors elle se déplaça silencieusement vers lui, les idées figées par la peur. Ce ne fut que lorsqu'il s'approcha pour l'embrasser qu'elle se détendit passant ses bras autour de son cou. « Je... oui, un peu. J'ai quitté plus tôt les cours de danse... » Sa voix tremblait d'autant plus. Il allait falloir qu'elle le lui dise, d'autant qu'elle devait être livide. L'esprit ailleurs, elle ajoutait : « Tant mieux tant mieux... » Et puis la question de Mitch la fit s'écrouler sur la première chaise qu'elle trouva. « J'ai eu des nouvelles de Paul... Il a décidé qu'il voulait la garde exclusive de notre fils... Que nous n'aurions plus le droit de le voir si le juge lui accorde sa requête. » Ses yeux s'étaient subitement emplis de larmes. Elle ne voulait pas. "Leur fils", pour elle, c'était celui de Mitch et le sien. Paul ne faisait pas partie de son équation. Enfin légalement, il l'était.

Dans l'espoir où la colère ne gagnerait pas son époux, Lucie s'était follement dit qu'elle pouvait essayer de lui annoncer la nouvelle sans trembler. Mais l'angoisse de cette réalité ne l'avait pas empêchée de bégayer, elle qui avait voulu garder le ton le plus neutre possible. Les chevrotements de sa voix la trahissaient toutefois, tressautant à chaque voyelle non contrôlée. Son visage devait avoir perdu toute couleur, même s'il était déjà livide avant l'arrivée de Mitch. Il ne s'en était juste pas rendu compte avant de constater le silence de sa femme. Elle n'avait rien répondu concernant son boulot : ce n'était pas le plus important, plutôt cette discussion qu'ils se devaient d'avoir, pour le bien de leurs enfants, de leur famille mais surtout de leur fils. S'il y avait bien une chose dans sa vie que Lucie modifierait, c'était le choix du père biologique de son petit amour. Mais sans cette erreur, ce ne serait peut-être pas le Maxence qu'elle voyait au quotidien qui serait dans son champ de vision et qui aurait sa place dans son coeur. Et pour rien au monde, elle ne changerait ou n'échangerait son fils. Dilemme maternel d'une vie compliquée, d'un fol égarement qui jamais n'aurait dû avoir lieu. Son visage triste trahissait de trop nombreuses émotions : la panique, le désarroi et, bien évidemment, la tristesse. Elle avait beau essayer de se reprendre, elle était incapable d'afficher un sourire sincère sur son visage. Et Mitch avait toujours su quand elle était sincère ou non. Il la connaissait si bien qu'un simple soupir pouvait lui faire comprendre mille et un sentiments.
Légalement, Maxence portait le nom que portait sa mère. Celui de Mitch. Légalement, il était son père puisque c'était lui qu'elle avait fait noter sur ses papiers. Paul était beaucoup plus intelligent que ce qu'elle avait cru comprendre, puisque c'était de lui-même qu'il était venu lui réclamer de voir son fils. Un fils qu'elle ne lui avait jamais avoué être sien. Mais il était plus intelligent que ce qu'elle pensait. Même si Mitch était officiellement le père de leur fils, n'importe quelle analyse sanguine et n'importe quel avocat un peu doué aurait été dans la capacité de donner raison au père biologique du garçon. C'était exactement ce qu'elle craignait. Qu'on lui enlève la garde pour ces raisons. Et le fait qu'elle ait déclaré père son mari plutôt que l'homme qui l'avait fécondée. Une larme dévalait sa joue quand elle se reprit, l'essuyant avec ferveur. « Il ne faut pas... Il... il ne s'est jamais occupé de lui. C'est nous sa famille... » Ses mots étaient toujours aussi tremblants. Elle restait apeurée et voir Mitch lui répondre de la sorte l'angoissait tout autant que cela la rassurait. Elle se blottit contre lui lorsqu'il la prit dans ses bras. Ce n'était pas ce qui arrangerait la situation, mais ça la calmerait peut-être.

Elle voyait bien les efforts que faisaient Mitch. Et elle appréciait qu'il fasse tout cela pour elle. C'était elle, après tout, qui les avait mis dans cette terrible situation. Elle aurait préféré que Maxence soit le fils de Mitch sur tous les points. Mais impossible de changer un ADN, même avec tous les efforts du monde. Elle savait que c'était d'autant plus injuste que Mitch était désormais père de trois enfants avec qui il ne partageait pas d'ADN, alors qu'elle, les comptait par deux uniquement. Elle s'en voulait quotidiennement de mettre son mari, l'homme qu'elle aimait plus que tout, dans une telle situation. Enfin, elle oubliait parfois qu'elle aussi était dans de sales draps. Elle avait eu de la chance qu'il accepte de la reprendre, de continuer cette vie ensemble qu'ils avaient laissé de côté.
Même dans les bras de son cher et tendre, si elle était apaisée, elle ne pouvait s'empêcher de s'angoisser. Il allait venir et lui prendre son fils, lui prendre le seul enfant qu'elle n'avait pas désiré avec son époux. Ne nous méprenons pas. Sa grossesse, bien qu'imprévue, elle l'avait accepté et avait désiré cet enfant plus que jamais, même en prenant en considération la variable "père indésirable". Si seulement Paul avait pu ne jamais être au courant de cette grossesse, ne jamais revendiquer cette paternité. Fort heureusement, elle avait été plus intelligente. Elle avait fait valoir Mitch comme père. Il ne pouvait plus rien, malgré l'ADN. Enfin, légalement, et pour un court instant.
Toujours collée à son époux, elle essayait de respirer plus calmement. Heureusement qu'il était là, heureusement qu'elle n'était pas coincée avec un homme dont elle ne voulait pas. Elle ferma les yeux. Elle voulait sincèrement croire aux paroles de Mitch, mais elle avait cette certitude qu'un rien suffisait pour que Paul sorte victorieux. « J'espère... » Elle avait soufflé ces quelques mots dans un murmure frissonnant de peur. En principe, être mère, c'est avoir un avantage sur un père. Mais elle ne souhaitait pas faire le malheur de son fils, l'empêchait de voir son père biologique. Que l'inverse soit vrai, que le père biologique veuille empêcher leur fils de voir sa mère, ça lui brisait le coeur. Elle soupira. « Il est perdu. Je ne suis pas certaine du choix qu'il ferait. » Être une mère, c'est aussi accepter la défaite. Et Lucie savait bien que sa défaite risquait d'être cuisante s'il s'avérait que leur fils n'était pas comme ils pensaient le connaître et ne faisait pas le choix qu'ils espéraient. Elle sécha ses larmes et s'éloigna un peu de son amoureux. Elle tenta un sourire, sans se douter une seule minute qu'il ressemblait plus à une grimace. « J'ai fait des gâteaux ce matin. » Le sucre, son pêché mignon. Son remède contre chaque état de tristesse.

Dans ce malheur, dans ces trop longs moments loin de Mitch, elle n'avait qu'une seule chance, c'était qu'il soit toujours là. Elle aurait été profondément assommée s'il n'avait pas été là. Elle aurait sans doute était en pleine dépression, aux côtés d'un homme pour qui elle n'éprouvait nul sentiment. Avec Mitch, elle était certaine de pouvoir vivre d'amour et d'eau fraîche, même si l'eau n'était pas toujours potable, si l'on pouvait dire. Ces moments venimeux comme celui-ci, où elle avait l'impression que tout son bonheur lui échappait subitement. Mais il restait là, un véritable pilier, une ancre pour ne pas se noyer.
Ses enfants, elle les aime tous. Chacun d'eux, peu importe si elle les a portés ou non. Et elle s'imagine encore avec un de plus. Une famille nombreuse, c'est ce qu'elle avait voulu dès le départ. Mais lui enlever l'un d'eux, c'était déséquilibrer sa vie, déséquilibrer son être. Bien sûr qu'elle était prête à se battre. Mais ce n'était pas vraiment l'envie qui se faisait ressentir. Elle rêvait d'une vie simple et facile. Quelque chose qu'elle n'avait jamais pleinement eu pourtant.
Le souffle de Mitch dans sa nuque la rassurait beaucoup plus qu'elle ne l'aurait pensé et, finalement, en quelques secondes seulement, elle avait chassé ses mauvaises pensées, fin prête à se défendre. « Tu as raison. Maxence est tout sauf un garçon stupide. Et il ne voit pas beaucoup Paul, c'est toi qu'il considère comme son père. » En disant cela, elle le pensait autant qu'elle l'espérait. Il fallait y croire, dans tous les cas. Leur famille, c'était ce qui comptait le plus, ils étaient forts, il fallait qu'elle le comprenne. « Ce sera dur, mais oui, c'est vrai. » Pourtant, ça lui était inenvisageable. Elle était capable de compter sur le côté ancien flic de son mari pour trouver la moindre défaillance chez Paul, la moindre chose pour le faire perdre. Loin d'être manipulatrice, c'était sa détermination qui qualifiait le mieux Lucie... et son absence de talent en ce qui concernait la cuisine.
Elle détestait ça, ce qui expliquait pourquoi, quelque part. Mais ces gâteaux, elle les avait faits avec amour... c'était donc naturellement qu'elle n'envisageait pas du tout qu'ils puissent être mauvais. Sans doute aussi parce qu'elle ne les avait pas encore goûtés. « Très bien ! Les enfants sont de sortie ce soir il me semble. Tineo et Ella vont voir des amis, Lily va dormir chez une copine. Ne resteront que Jude et Max. » Parfois, un peu de vide, ça fait du bien. Mais trois d'un coup, ça faisait beaucoup.

Lucie pouvait être une femme bien plus forte, bien plus inatteignable que ce que l'on pourrait croire. Mais dès que l'on touchait à sa famille, l'on trouvait son talon d'Achille. Et aussitôt c'était sa faiblesse qui donnait le change. Heureusement, elle avait Mitch, qui était un véritable pilier pour elle. Non pas qu'il était forcément plus fort qu'elle, même si elle le voyait ainsi, mais elle était plus forte avec lui, lorsqu'il siégeait à ses côtés. Il l'avait aidé à reprendre le dessus, à contrôler la panique qui la gagnait et qui choisissait de la saisir contre son avis. C'était elle qui décidait, pas les signaux que son corps envoyait à son cerveau, et inversement. C'était elle et elle seule qui dominait, elle avait le contrôle. Pour le moment tout au plus.
Elle secoua la tête. Non, ils ne se laisseraient pas faire, ils étaient plus forts que ça après tout. Elle se colla à son époux pour l'enlacer une nouvelle fois. Heureusement qu'il était là, qu'aurait-elle fait sans lui ? « Je t'aime. Merci d'être là. » Elle lui rendit son sourire. « J'espère bien être la seule à avoir le droit de te passer sur le corps, mon chéri. » Elle savait très bien qu'il n'avait pas dit ça que pour la faire sourire, qu'il était sérieux. Et ça l'avait bien amusée tout de même.
Depuis que Tineo avait quitté le nid, Lucie n'avait eu de cesse de l'inviter à tous les repas de famille qui avaient lieu, tous les dîners. Et elle avait pris l'habitude qu'il soit toujours là. Elle le considérait toujours comme un des membres de la famille vivant sous ce toit, même si elle savait que ce n'était plus le cas. Les filles étaient toujours de sortie, et Maxence préférait l'obscurité du sous sol à la présence d'autres personnes. Ce qu'elle ne comprenait que trop bien : elle aurait eu son âge, le sous sol aurait aussi été l'endroit qui lui plairait le plus... Surtout depuis que Mitch et lui avaient pris le temps de bien l'aménager pour que le garçon soit à l'aise. « Va pour la pizza. » C'était plus sage que de la laisser cuisiner et tout brûler. Heureusement que Mitch savait cuisiner suffisamment bien pour qu'ils ne mangent pas de conserves 365 jours l'an. Ce n'était pas plus mal. La preuve : les gâteaux de Lucie étaient déjà passé à la trappe dans l'esprit de Mitch. Elle lui sourit. Oui, ils seraient toujours là. Pour chacun de leurs enfants.

Elle était bienheureuse d'avoir Mitch dans sa vie. Elle avait trouvé en lui tout ce dont elle avait toujours eu besoin pour avancer, aussi difficiles furent leurs premiers échanges. Elle n'avait jamais aimé aussi fort que ce qu'elle aimait son mari et elle savait très bien qu'elle ne se remettrait pas s'ils venaient à s'éloigner à nouveau l'un de l'autre. Même si elle avait, quelque part, détruit sa vie pour qu'elle puisse continuer. Elle s'en voulait encore quelques fois, mais il lui avait pardonné, il était temps qu'elle en fasse de même avec elle-même. Mais elle ne devait pas seulement se pardonner de cette amputation, c'était tout ce qu'avait entraîné leur rupture qu'elle devait apprendre à accepter. Et bien qu'elle l'aimait de tout son coeur, cela comprenait son fils. Elle l'acceptait, là n'était pas le problème, mais savoir qu'elle avait fait entrer dans sa vie son père biologique, ce fou furieux qui n'avait de hâte que de lui ôter sa merveille, ça la faisait frissonner d'horreur. Alors, elle préférait se concentrer sur la plus belle chose qui lui soit arrivée avec ses enfants. « C'est toi le meilleur mon coeur. » Même s'il préférait une pizza industrielle à sa cuisine douteuse.