Los Angeles. 28 septembre 1994.

Un silence royal, voilà dans quel contexte la petite Chloe est née. Certains criaient aussi fort qu’ils le pouvaient dès qu’ils ouvraient les yeux dans ce monde qui n’était plus le ventre confortable de leur mère mais pas elle, elle était silencieuse comme une tombe. Tellement qu’au début, les médecins pensaient qu’elle avait un problème, sa mère également mais non, tout allait parfaitement bien chez elle. Elle n’a toujours connu que sa mère et malgré ce fait-là, son père lui a toujours énormément manqué. C’est stupide en sachant qu’elle ne l’a jamais connu, n’est-ce pas ? Comment quelqu’un que l’on a pas connu peut nous manquer autant ? Tout ce qu’elle savait de son père, elle l’avait appris de sa mère au travers des photos et de ces récits. Il était soldat dans l’armée américaine, un de ces soldats tués au combat. Tout devait se passer pour le mieux pour eux, il rentrerait d’une toute dernière mission et ils pourraient être tous les trois heureux mais les choses avaient été bien différentes. La mère de Chloe s’était occupée d’elle toute seule, comme une grande. Elle n’avait pas cherché à se trouver un homme avant que Chloe n’atteigne sa dixième années mais là encore, les choses ne s’étaient pas déroulées comme elle l’aurait souhaité. Elle semblait ne tomber que sur les pires spécimens de l’espère humaine alors deux ans plus tard, fatiguée de tout ça, elle a juste pris ses affaires, uniquement celles dont elle avait besoin ainsi que sa fille et un billet d’avion, un simple aller sans retour pour Melbourne. Là-bas, elle y avait des amis d’enfance à elle qui eux aussi étaient partis s’installer bien loin de Los Angeles et qui semblaient vraiment s’y plaire alors elle a tenté le coup et c’est ainsi qu’elle et sa fillette de douze ans sont arrivées sur le sol australien.

Melbourne. 1er septembre 2012.

Voilà qu’elle en avait fini avec les études. Elle avait déjà été loin, elle avait pu terminer le lycée et c’était là que ça s’arrêtait pour elle. Les études l’ennuyait, elle n’était pas faite pour ça et elle l’avait bien compris. Elle a pu profiter de son été pour se reposer et réfléchir un peu à son avenir tout en s’amusant comme une fille de son âge et à partir de la rentrée, elle a réussi à décrocher son tout premier job. Elle a commencé en tant que baby-sitter chez une famille composée de deux enfants, l’un âgé de six ans et l’autre de trois ans. C’est un job qu’elle a beaucoup aimé même si elle a assez ramé au départ. Elle n’y connaissait pas grand chose alors elle a appris sur le tas. Après, elle a un peu enchaîné les jobs. Elle ne voulait pas juste faire un job pour gagner de l’argent, elle se cherchait vraiment. Elle voulait se trouver un job qu’elle aimerait et qui ne lui donnerait pas envie de se pendre quand elle se réveillait le matin. Et ce job, elle l’a trouvé alors qu’elle était âgé de 22 ans. Ce bar, elle y allait souvent avec des amis et puis elle a vu cette annonce et elle a postulé. Elle n’avait jamais fait ça mais elle apprenait vite et comme il avait réellement besoin d’aide et qu’il n’y avait personne d’autre, c’est elle qu’il a pris. Deux ans plus tard, elle s’en sort comme un chef et elle est vraiment passionnée par ce job. Elle a même appris à confectionner ses propres cocktails, une chose qu’elle pensait impossible quand elle avait commencé. Son patron était quelqu’un qu’elle affectionnait tout particulièrement, une véritable figure paternelle à ses yeux. Il lui a même permis de vivre gratuitement dans l’appartement situé juste au-dessus du bar, un appartement vraiment grand même s’il lui a fallu pas mal de temps pour qu’il soit nickel. Pendant des années il avait été déserté alors forcément, ça demandait du travail pour pouvoir vivre dedans. En contrepartie du logement gratuit, elle aide le patron pour la paperasse ainsi tout le monde est content.

Melbourne. 15 avril 2019

Son petit train-train, elle s’y était faite et pourtant... elle aurait dû se douter que rien n’était jamais parfait, qu’il suffisait de peu pour que tout dérape. Depuis quelques temps, elle avait eu vent de problèmes dans les bars alentours. Certains personnes se faisaient agresser alors elle a fait en sorte de se protéger en prenant des cours d’auto-défense. Elle se sentait plus sûre d’elle, plus en sécurité mais ce n’était qu’une illusion et elle l’a compris malheureusement trop tard. Elle ne travaillait pas ce soir-là alors elle sortait comme à son habitude pour faire la fête et c’est sur le chemin du retour qu’elle a croisé la route de cet homme qui portait une capuche et qui semblait la suivre. Sur le coup, elle s’est surtout dit d’arrêter de jouer la parano, ils allaient juste vers la même direction, point final. Sauf que non, ils n’allaient pas dans la même direction, il voulait quelque chose de bien précis de sa part et elle n’a pas eu le temps de dire ouf qu’elle s’est retrouvée collée contre un mur, emprisonnée entre le mur et cet homme qui avait posé sa main sur sa bouche, l’empêchant de crier. A ce moment-là, elle avait eu beau se débattre, ça ne changeait rien. Par un miracle qu’elle n’avait vu venir, il y avait cet homme qui passait par là, c’était le fruit du hasard, un hasard qu’elle remercierait toute sa vie. Il y avait combien de chance pour qu’un homme passe ici à une telle heure ? Et encore combien de chance pour que cet homme soit dans la police ? Il l’avait sauvée in-extremis et elle, elle était bien trop choquée pour prononcer le moindre mot. Alors il l’a raccompagnée chez elle et là encore elle n’a pas pu prononcer un seul mot. Quelques jours plus tard, elle a dû se rendre au poste de police pour porter plainte et elle l’a revu. Cette fois-ci, elle a pu parler et le remercier comme il se doit. Depuis, elle essaye surtout de penser à autre chose, continuer sa vie comme si de rien n’était, comme si elle n’avait pas peur de sa propre ombre mais elle a toujours été douée pour cacher ce qu’elle ressentait alors tout le monde gobe ça, y compris sa mère et son patron qui ne savent rien.