Une soirée de plus dans une boite que tu connais trop bien. Une soirée de plus à vider ton esprit aussi vite que les bouteilles de champagne payés par ton cher papa. Mais même le montant exorbitant des notes que tu laisses ne semble plus le toucher. Il se contente de payer sans te dire un mot et toi, tu tentes d'oublier ta souffrance le temps d'une soirée. Rien n'est facile pour toi en ce moment, Rosa. Tu avais une vie parfaite il y a encore quelques mois et puis, tu avais découvert cette grossesse et petit à petit, tu es tombé dans ton propre enfer. Tu as agi par peur, sous le coup de la panique. Est-ce que c'était un si mauvais choix ? Au fond, tu ne le sais pas puisque tu devais faire adopter ce bébé, mais les choses ne devaient pas passer ainsi. Les choses devaient être plus douce, plus lente. L'accident et sa suite avait été trop brutale pour toi, trop violente et depuis ta sortie, tu évitais les Dawson à la perfection. Il faut dire que connaitre ce monde est un avantage. Zola ou Alexis ne viendrait jamais dans ce genre de boite, enfin c'est que tu penses. Mais tu avais oublié que cette soirée était en plein centre de Melbourne. Le jour se levait doucement quand tu quittais les lieux, ta paire d'escarpins Louboutin à la main, tes pas n'étaient pas les plus assurés et ta vigilance n'était clairement pas présente. D'ailleurs, c'était le klaxon de la voiture qui t'avait fait levé la tête. Puis un bras t'avait tiré hors de sa trajectoire ? Pourquoi ? C'était stupide mais parfois, tu te demandais pourquoi tu avais autant de chance. Mais bien rapidement, tu avais levé le regard vers celui qui t'avait aidé. Un visage que tu connais par coeur pourtant il est différent aussi que ce que tes souvenirs te rappelle. Tu ne dis rien, tu n'y arrives pas. Finalement, tu n'es peut-être pas aussi chanceuse que tu le crois.

Il est étrange de voir comme un événement aux apparences banales peut avoir le don de vous désaoulé. Il y a quelques minutes, tu ne marchais plus droit, tu n'étais même pas certaine de retrouver le chemin de ta demeure et te voilà, face à lui, une tonne d'images qui t'envahissent soudain l'esprit. Tu as envie de partir en courant, de disparaitre dans un trou de souris mais tu es fière, Rosa. Tu es une Flores, tu dois affronter la situation alors tu te contentes de ne rien dire dans un premier temps. Tu avais entendu parler de sa perte de mémoire, peut-être que cela saurait à ton avantage ?  « Oui, bien sûr que ça va, merci. » Tu retires délicatement ton bras de sa main, ce contact était si doux, il t'avait tellement manqué mais tu ne devais pas perdre le controle sous ses yeux bruns. Tu l'avais perdu bien trop souvent. Puis tu vois qu'il te reconnait, ton prénom semble si innocent quand il sort de ta bouche que cela te vole un léger sourire. Est-ce qu'il se souvenait vraiment de toi ? Ou est-ce que ce n'était que le fruit du hasard ? Peu importe, au fond, tu t'en moques.  « Peu importe, non ? » Ta question était sincère, vraiment. Tu étais paumé et tu imaginais que lui encore plus que les autres ne voulaient plus entendre parler de toi. Franchement, regardes-toi Rosa, tu sens le champagne et tu marches pieds nus dans une rue. Tu dois probablement faire pitié et tu ne veux pas de sa pitié. « Il me semble que le mieux serait que je m'en aille alors merci pour .. ça et aurevoir. » Au fond de toi, tu voudrais rester. Au fond de toi, ton coeur saigne face à tes propres mots mais tu sais que tu ne tiendras pas tes larmes longtemps alors tu fais ce que tu sais faire de mieux, tu fuis. Vite.

Croiser son regard te rends fragile, sentir sa peau au contact dela tienne, sentir sa chaleur te fait un effet qui t'avait manqué et tu as peur de ressentir de nouveau. C'est pour cela que tu t'éloignes. Tu sens que tu es faible, tu sens que l'alcool peu de rendre émotive et tu le refuses. Tu ne veux pas pleurer, pas de devant lui, tu ne veux pas montrer tes faiblesses. Tu es une Flores, tu es bien trop fière pour cela et pourtant, tu sens que tu pourrais craquer en une seconde. Alors tu deviens arrogante, peu sympathique, c'est ta manière de te défendre, c'est ta carapace contre laquelle il vient de se heurter sans même le savoir. Tu ne relèves pas ses mots, tu en profites juste pour prendre la fuite mais il reste là. A quelques pas, il te suit et tu ne comprends pas pourquoi. Tu t'agaces parce que tu sais que tu es faible à cet instant mais tu comprends bien vite qu'il sera toujours là. Qu'il va peut-être même aller jusqu'à ta porte, prenant le risque de croiser un Flores qui ne comprendra rien à sa présence mais qui l'accueillera peut-être pas comme il le devrait. Alors, tu prends une inspiration et tu te tournes. « Quoi Alexis ? Pourquoi tu me suis au lieu de retourner voir la femme parfaite qui t'attends ? » Et que tu détestes, sa fausse perfection te rend folle tout comme son hypocrisie. Elle qui prône pour la tromperie semble bien mieux la vivre quand c'est elle qui s'amuse. « Laisse-moi tranquille au lieu de faire semblant. » Il ne semble pas comprendre alors, tu prends une longue inspiration comme une dose de courage avant de lui dire la vérité, tes yeux remplis de larmes. « Quoi ? Tu as besoin d'un résumé ? Alors résumons, tu as voulu mon corps et tu l'as eu mais manque de chance, tu as eu mon coeur aussi, tu n'en voulais pas alors je t'ai laissé tranquille. A toi de faire la même chose. »

Tu aurais pu lâcher l'affaire, tu aurais peut-être du. Mais tu es beaucoup trop protecteur, Alexis pour agir ainsi. Tu ne te voyais pas la laisser prendre la route sans aucune sécurité. Être une femme seule dans une ville c'est déjà dangereux, alors quand l'alcool danse encore avec leurs cellules grises cela complique la chose. Est-ce honteux de penser ainsi, affirmatif. Une femme ne devrait pas à avoir peur de sortir, les hommes devraient savoir se maîtriser, mais comme ce n'est pas encore le cas. Tu la suis, tu restes à distance correcte, tu ne veux pas qu'elle se sente épié et pourtant, c'est le cas. Elle n'est pas contente. Tu le devines, les traits de son visage ce durcisse, sa voix augmente en volume et elle se mord la lèvre inférieure. "Je ne vais pas te laisser rentrer chez toi seul, cela serait une grande imprudence. Tu ne veux plus m'adresser la parole, j'ai bien remarqué, mais je ne peux pas prendre ce risque." Tu n'es pas parfait, certes, bien au contraire. Mais tenter le diable est interdit pour toi. Tu en ferais de même, si c'était Zola, depuis qu'elle a évité cette voiture grâce à toi, à tes yeux, elle est sous ta responsabilité. Tu plisses les yeux quand elle te dit d'arrêter de faire semblant. Puis elle continue, les mots sont dures, les mots sont fort, tu l'écoutes sans l'interrompre. "D'après ce que je sais, il faut être deux pour danser la salsa. Tu n'étais pas contre.... Mais parfait si cela te permet de te lever tous les matins de penser que je suis le seul fautif, amuse-toi!" Tu es sincère, l'ancien toi, serait certainement remplit de remord, mais avec l'ambiance de souvenir c'est beaucoup plus simple de sembler détaché de tous ses événements.