Il était clair que tu n'avais pas prévu de finir au milieu d'un chapiteau de cirque avec un taré prêt à tirer sur tout ce qui bouge, d'ailleurs, tu en avais encore une jolie marque sur le visage, il ne t'avait pas raté mais c'était instinctif. Tu ne pouvais pas rester sans rien faire. On pourrait dire comme toujours puisque tu fais partie de ses gens que la vie semble aimé tester, tu fais partie de ceux qui prévoit pour rien puisque jamais rien ne se fait comme prévu. Alors, tu finis par improvisé, la plupart du temps ça fonctionne, comme cette fois, heureusement. Tu aurais dû rester dehors, les fesses contre le cuir de ta moto à discuter tranquillement avec les gars mais non, il avait fallu que tu rentres et que tu prennes des risques que tout le monde jugerais inutile mais pas toi. Les Shaps, c'est ta famille et puis celui coincé à l'intérieur reste ton père même si il l'ignore. Est-ce que tu regrettais d'être rentré ? Maintenant que tu connaissais la fin de l'histoire, dire que non était facile, mais tu avais réellement eu peur. Bien plus que tes belles paroles pourraient le faire croire. La fin de soirée avait été dans un hôpital où tu avais été shooter aux médicaments pour ta douleur, c'était d'ailleurs si efficace que tu n'avais remarqué l'absence de ton téléphone que le lendemain. Il faut dire qu'il était loin d'être ta priorité. Et puis, est-ce que tu avais envie de revoir Helias après cela ? Tu ne savais pas vraiment, tu savais juste que votre duo avait fonctionné, comme il le faisait avant et que ça avait réveillé quelque chose en toi. Un coeur que tu caches parfois mal peut-être ? Quoiqu'il en soit, vivre sans portable à notre époque reste compliqué alors tu avais attendu quelques jours avant de craquer. Tu savais où était son prochain combat, tu savais comment y entrer et comment faire pour qu'on te fiche la paix. Alors, tu avais débarqué là-bas comme une fleur, ta gueule d'ange noir et ton blouson sur le dos. Un combat puis deux, puis c'est à lui. Tu le laisses faire ce qu'il doit faire, espérant sa victoire pour plusieurs raisons, récupérant tes billets après celle-ci avant de le rejoindre. « Il ne t'a pas raté. »

Depuis la fête foraine et le fou qui se baladait toujours en ville, tu avais fais profil bas, tu avais ramené Mia à sa famille d’accueil en t’excusant et en insistant sur le fait que tu n’avais pas eu le choix, il fallait que tu la protège peu importe ce que ça te coûterait. Tu sais que ça te retombera dessus, puisqu’il y avait ce courrier qui t’interdisait formellement d’approcher Mia. Ces enfoirés t’empêcher de voir ton sang et ça te rendait dingue. Mais tu ne peux t’en prendre qu’à toi même et ça, Eva te l’a bien fait comprendre. Mais elle avait aussi raison, tu le cherchais, tu en avais besoin, tu devais te défouler tellement la haine t’avait submergé. Tu n’avais pas non plus pris de nouvelle d’Eva, tu l’avais vaguement vue ressortir ce fameux soir, avec Arthur à ses côtés, tu n’avais même pas pris la peine de regarder si elle allait bien, elle allait certainement te tuer, si tu ne t’en chargeait pas toi-même. Ce soir, et bien qu’Eva t’avait demandé d’arrêter, tu te retrouva en plein combat. Tu les cherches les emmerdes, tu n’es bon qu’à ça désormais. Tu te prends des coups, tu encaisses, et à ton tour, tu prends le dessus pour finir par mettre KO ton adversaire. Tu étais en forme et bien énervé, ce qui te réussi plutôt bien lors des combats. Quand tu redescends pour attraper une serviette, Beth est là. Tu t’essuies rapidement le visage,  crachant le sang qu’il te restait. « j’espère que t’a pas craché ton pognon sur lui » dit-tu en l’observant. Ce n’était pas son genre d’endroit, du moins tu l’avais jamais vu ici, pas pour toi en tout cas. Tu ne le montres pas, mais quelque part, ça te fait du bien de la voir. Depuis que tu l’avais revu et s’en est suivi la prise d’otage où tu aurais pu la perdre définitivement.. oui, ça te faisait du bien de la savoir la. Tu l’observes un instant. « Ça va mieux ? » tu la savais trop fière pour savoir qu’elle ne dira jamais non même si ce qui s’était passé était quand même traumatisant.

« Je te rappelle que j'ai vu ses deux poings à l'œuvre bien avant tout ça » Tu lui souriais, évidemment que tu allais parier sur le brun, tu sais de quoi il est capable contrairement à l'autre homme dont tu ne sais rien. Parce que tu dois bien avouer que tu ne traines pas dans ce genre d'endroit. Toi, ton truc c'est les courses à travers la rue, c'est jouer avec les feux et la police comme si tout cela n'était pas réel. Mais tu sais que derrière sa gueule d'ange, Helias à un stock de colère qui peut être déroutant. La vie ne l'a pas épargné, enfin si elle épargne vraiment quelqu'un ? « Comme une fille qui a une raison de plus de détester les cirques. » Un coup de poing en plein visage et une balle à quelques centimètres en dessus de ta tête, on pourrait croire que c'est courant quand on a choisi de faire partie d'un gang mais en réalité, c'était la première fois que tu entendais un coup de feu d'aussi près. Ta place à toi, c'est les coulisses, tu es bien planquée dans le QG, loin des hommes de mains et des règlements de compte, tu n'as qu'à fermer les yeux pour te bercer d'illusions sur la réalité de votre monde. Alors que vous avez vécu resterait dans ton esprit longtemps et pour diverses raisons. Mais tu es trop fière pour le dire clairement alors tu te caches derrière du sarcasme. Il était clair que ce passage n'allait pas d'aider à apprécier les cirques que la protectrice des animaux en toi déteste depuis longtemps. « Et toi ? Mia s'en ai remise ? » Tu sais, il va te dire que ce que fait ou ressens sa soeur ne te regardes pas mais ce n'est encore qu'une petite fille et ce qu'elle vu doit être traumatisant. Bien plus que les horreurs qui avaient pu bercer votre enfance entre drogues et alcool de parents paumés. « Enfin, je venais pour mon portable, les flics m'ont dit qu'il ne l'avait pas retrouvé donc je me suis dit que tu l'avais peut-être encore ? » Oui, parce que ça coute cher ses bidules, surtout le tien que tu as modifié en petit ordinateur de poche, des heures de travail que tu n'as pas vraiment envie de refaire. Alors avec un peu de chance et dans la précipitation, peut-être qu'il l'a encore. C'est ce que tu crois en tout cas.

Étrangement, ça te fait plaisir de voir Beth à ce moment-là. Tu ne sais pas vraiment pourquoi, après tout ce qui s’est passé entre vous, tu ne voulais plus la voir, vous aviez réglé vos problèmes et puis, il y a eu ce fou durant la fête foraine. Tu essayes de t’en dissuader, mais ça t’avait changé Hélias. La peur de perdre celles que tu aimes, la mort devant les yeux, tu t’es rendu compte qu’en un battement de cils, tout pouvait s’arrêter. Et en voyant Beth, tu ne peux pas nier le fait que ça te faisait plaisir, mais tout comme elle, tu aimes faire le fier et tu ne lui montres pas vraiment, du grand Hélias. Tu souris à la remarque de la jeune femme. Tu te passes un coup de serviette sur ton visage et tu t’éloignes de tout ce bruit et cette foule, faisant signe à Beth de te suivre dans la pièce qui te sert de vestiaire. «  Faut être con pour les aimer » là-dessus, tu es d’accord avec elle, tu n’as jamais été un grand fan à vrai dire. D’ailleurs, si tu y es allé la dernière fois, c’était uniquement pour Mia. Tu te changes rapidement, tu prendras ta douche en rentrant chez toi, ici, l’eau était bien trop gelée.  Surpris par sa question, tu hésites un long moment, te rappelant de votre dernière discussion. Est-ce qu’elle s’intéressait vraiment à ta sœur ? Certainement. « je suppose que oui. J’évite de trop l’approcher. » tu évites parce qu’on te l’a interdit. Sa nouvelle famille refuse que tu l’approches, selon eux, elle est bien trop souvent en danger à tes côtés. Peut-être ont-ils raison, après tout. Tu ne t'étais pas encore posé la question du pourquoi Beth venait te voir. Elle n'était pas fan de ce genre d'endroit et il faut dire que t'es aussi la dernière personne avec qui elle souhaiterait être. Et tu comprends mieux quand elle te parle des flics et son téléphone portable. Tu l'avais complètement oublié celui-là. « J’me disais bien que t’étais pas venu juste pour mes beaux yeux. » tu ramasses ton sac et sors les clés de ta voiture. « il est chez moi. Tu vas devoir faire une petite virée avec moi. »

C'était ce que vous aviez vécu dans ce cirque qui prouvait que votre pays était un pays dangereux. Une arme était bien trop facile à obtenir puisque apparemment n'importe quel idiot avec un peu de monnaie peu en avoir et traumatisé la foule. C'était ce que vous aviez vécu et d'une manière que tu ne sauras expliquer, cela avait changé quelque chose en toi. Pour la première fois de ta vie, tu avais eu peur, vraiment peur. De mourir, de perdre quelqu'un, tu avais pris des risques sans réfléchir, tu avais ouvert ta bouche au lieu de te taire, des choses que tu avais toujours faites mais cette fois la personne en face de toi avait une arme, ça changeait tout .. Pas chance, il n'y avait pas eu de morts, juste plusieurs blessés et de nombreux traumatismes. « Tu sais que tu y étais, rassure-moi ? » Tu riais légèrement, oui, tu te moquais un peu de lui, tu le taquinais mais c'était la vérité. Toi aussi, tu y étais d'ailleurs. Tu en profitais pour lui demander comment allait la jeune fille, de son âge, cela devait être encore plus traumatisant. Mais la réponse d'Helias t'avait surprise, lui que tu imaginais très proche de sa soeur, il semblait ne pas être certain de sa réponse. Tu aurais pu mettre les pieds dans le plat et rebondir sur ses mots mais tu ne cherches pas le conflit, tu préfères ignorer ta curiosité. Tu préfères revenir sur la raison de ta présence, ton portable. Le graal entre de mauvaises mains puisqu'il était truffé de toutes genres d'infos, certes caché par des codes ou diverses ruses mais dans les mains d'une professionnelle, c'était risqué. « Tes techniques de drague était meilleur avant » Tu souriais, un air taquin sur le visage. Tu savais bien qu'il n'y aurait jamais de cela entre vous mais c'était plus fort que toi. C'était le genre de petites phrases qui sortaient toutes seules.. Tu le suivais sans rien dire de plus, ici les murs pouvaient facilement avoir des oreilles alors tu attendais le calme de la voiture pour poursuivre la discussion. « Les Shaps devraient vous foutre la paix. Enfin à Mia et à toi, ton père à une dette. » Tu disais cela comme si rien n'était alors qu'en réalité, tu venais de lui annoncer qu'un gang potentiellement dangereux allait le laisser vivre sa vie.