L’heure de la fin de journée avait sonnée. Si en travaillant aux urgences nous étions destinés à ne jamais terminer à l’heure, ça ne nous empêchait pas d’avoir le droit à une pause et une fin de journée. Nous avions juste plus de chance de ne jamais prendre nos pauses en même temps et manger et terminé à l’heure du repas relevait du miracle. Mon sac à dos enfilé, je profitais de voir mon responsable entrer dans l’une des salles d’examen pour m’empresser de sortir du service. C’était peut-être un peu fourbe, mais j’avais faim et je savais que si je le croisais, il allait me demandé de procéder encore à quelques examens avant de partir. J’aimais mon métier, mais il était déjà plus de quatorze heures et mon estomac commençait vraiment à crier famine. Si l’idée de manger dans le calme, loin du rush permanent du service des urgences me séduisait, je n’avais pas pour autant envie de manger seule. C’est pour cette raison que j’avais filé rejoindre une amie d’un autre service. Elle s’occupait de l’accueil, la prise de rendez-vous, la création des dossiers, et tout un tas d’autre chose qui la passionnait sans que je ne puisse comprendre pourquoi. « Salut. », lançais-je en entrant dans la petite pièce qui lui servait de bureau. Par chance il n’y avait personne, c’est donc ma salade à la main que je m’installais sans vraiment lui demander son avis. Nous échangions quelques mots sur le rythme de nos emplois respectifs en agrémentant cette conversation de quelques éléments liés à nos vies personnelles. « Alors, des dossiers intéressants au programme ? » alors qu’elle préparait les dossiers pour les consultations à venir. Je continuais mon repas jusqu’à ce qu’elle ne me fasse part de l’un deux. Un homme d’une trentaine d’année qui venait pour un suivi suite à une brûlure chimique. « Tout le corps où juste une partie ? », demandais-je intriguée par cet élément. Elle m’expliquait qu’il s’agissait du bras. Je fis rapidement le lien entre une personne non identifiée que l’on avait reçu aux services des urgences pour le même motif. Si je lui aurais bien demandé le dossier poliment, je savais pertinemment que mon amie avait bien trop de conscience professionnelle pour me laisser mettre mon nez où il n’avait rien à faire. C’est pourquoi j’ai fais preuve de patience. L’un des médecins lui demandait d’aller récupérer un dossier chez une collègue. Elle s’excusait avant de se mettre en route. Si je faisais mine de ranger mes affaires, pour m’en allez, j’attendais que tout le monde soit partie pour prendre discrètement le dit dossier. Clarisse Fawkes, c’était le nom inscrit sur le devant de la pochette. Je l’ouvrais rapidement, histoire de ne pas perdre de temps et surtout de ne pas me faire prendre. Dos à la porte, je laissais mes yeux vagabonder sur le papier à la recherche d’une preuve tangible qu’il s’agisse du même homme que l’inconnu qu’on avait pris en charge. Tellement prise par ma lecture, j’en oubliais d’être attentive à l’éventuel retour de mon amie ou de l’un de ses collègues. C’est pourquoi je sursautais en entendant frapper à la porte. En me retournant, je tombais nez à nez avec un homme cheveux clairs et yeux bleus. Je fermais rapidement le dossier, la furtivité ce n’était pas mon truc. Je lui adressais un sourire gênée, même si j’étais plutôt rassurée de voir un civil et non un collègue portant la même tenue réglementaire que moi. « Bonjour. », me contentais-je de lui adresser, honteuse d’avoir fouiné de la sorte. J’étais loin de me douté qu’il s’agissait du fameux Clarisse…

De peur de tomber nez à nez avec mon amie, j’ai cru frôler l’arrêt cardiaque en entendant quelqu’un derrière moi. Par chance, le visage de cette homme m’étais totalement inconnu ce qui, me rassurait un peu. Après tout, je passais régulièrement ici, si un nouveau devait faire son arriver, mon amie m’en aurait surement fait part. Prise au dépourvue, la seule chose qui me venait à l’esprit fut de le saluer en le fixant bêtement. Les joues empourprées sous la gêne, je détournais le regard en m’empressant de reposer le dossier à sa place ce qui me donnait encore plus l’air coupable. Il m’expliquait qu’il avait rendez-vous avec l’un des médecins. J’acquiesçais avec un sourire encore plus soulagée à l’idée qu’il ne soit pas au courant du fait que je ne sois pas du su service et que mon nez n’avait rien à faire dans ce dossier. Il me tendait sa convocation, que je pris plus part réflexe qu’autre chose. Sans même y jeter un coup d’œil, je réalisais que mon uniforme devait sans doute l’induire davantage en erreur. « [color=indianred]Oh, je ..[ /color] », hésitais-je avant de lui tendre à nouveau le morceau de papier. « Je ne suis pas de ce service, je venais simplement… », je réfléchissais en même temps que je parlais. Si je n’avais aucune raison de me sentir coupable à présent, je n’arrivais pas à me défaire de la gêne que je ressentais. « Récupérer des documents. Du coup je suis pas vraiment .. en pause. », terminais-je avec un sourire radieux. Lui dire que j’étais simplement de passage n’aurait pas justifié ma curiosité mal placée. Alors que le silence s’installait, ses mots me revenaient comme si je ne les avais pas bien enregistrer la première fois. « Une brûlure vous dites ? », demandais-je plus ou moins rhétoriquement. « Vous êtes Clarisse Fawkes c’est bien ça ? », ajoutais-je sans vraiment me dire que cette question pouvais avoir l’air plutôt étrange dans deux cas : celui ou ce n’était pas lui voir pire, celui où c’était lui et qu’une pure inconnue qui n’est pas du service qui s’occupe de son suivi sait qui il est. Un sourire gêné étirait à nouveau mes lèvres à cette idée. Je décidais néanmoins de ne pas creuser davantage le trou dans lequel je m’enfonçais petit à petit. J’aurais pu me justifié, mais si cet homme n’était pas celui que je pensais alors non seulement j’aurais eu l’air idiote, mais en plus j’aurais commis une faute professionnelle en délivrant des informations, certes mineurs mais des informations tout de même, sur un patient. C’était la raison pour laquelle je décidais de ne pas en dire davantage, préférant éviter le renvoie que de prendre un risque uniquement pour satisfaire ma curiosité. Je crois qu’au fond, j’espérais qu’il me dise que c’était lui. Je n’avais pas pu allez au bout de mes recherches dans son dossier, alors pouvoir lui demandé ouvertement s’il était passé par cet hôpital quand c’est arrivé serait un gain de temps et d’énergie. Et en cette fin de journée, c’était un gain que je savais apprécier à sa juste valeur. Et puis, l’infirmière en moi serait sans aucun doute ravie de savoir qu’un de ses patients n’avait pas plus de séquelle que des cicatrices à la suite d’une brûlure comme la sienne. A nouveau, mon regard détaillait son visage avec une certaine insistance. Je crois que j’essayais seulement de me souvenir, sans même me dire que si je n’y parvenais pas c’est parce que je n’avais pas vu son visage. L’urgence avait été telle que nous nous étions contenté de couper les vêtements au niveau de l’épaule afin d’éviter de le mobilisé à outrance et de le faire souffrir. La main toujours tendue dans sa direction pour lui rendre son papier, je l’observais en attendant impatiemment de connaître son identité…

Sans me poser davantage de question sur le malaise que pouvait engendrer ma curiosité, je l’interrogeais sans pincette quant à son identité. Sa première réaction me faisait vite saisir à quel point je m’étais montrer indélicate. Et mes joues s’empourpraient à cette idée. Mais rapidement, mon interlocuteur mettait fin au moindre mes doutes en me confirmant qu’il s’agissait bien de lui. Mes lèvres se pinçaient l’une contre l’autre à sa question, mais avant que j’ai le temps d’y répondre Clarisse me tendait sa main en guide de salutation. A présent, les rôles s’étaient inversés et sa remarque me faisait esquisser un sourire amusée. Je saisissais sa main pour la serrer dans la mienne et la secouant légèrement continuant de l’écouter. Visiblement, il n’était pas nécessairement emballé à l’idée de voir le médecin. Je commençais même à croire qu’il aurait préféré l’éviter. Mon regard se posait sur son visage et un nouveau sourire étirait mon visage. « Mia Jones, infirmière aux services des urgences. », commençais-je avant de finalement lâché sa main réalisant que je m’étais attardé à le faire. « Je faisais partie de l’équipe de garde lors de votre passage. », ajoutais-je comme pour le rassurer. L’impression dont il parlait devait venir de là. S’il n’était pas complètement inconscient au moment de son admission aux urgences il n’était pas non plus totalement conscient. « Je suppose que votre mémoire à du sélectionné quelques bribes de cette expérience, qui explique votre impression de déjà vu un peu flou. », admettais-je en haussant les épaules comme si ça tombait sous le sens. Je me sentais un peu plus détendue, je suppose que le fait de ne pas être passé pour quelqu’un de dérangée avait rendu la situation moins anxiogène. « Je dois avouer que vous nous avez fait une peur bleue. Ravie de vous voir sur pied Monsieur Fawkes. », lançais-je finalement avec un radieux sourire. C’était toujours agréable de revoir d’ancien patient sur pied, ça donnait l’impression d’avoir été utile dans la vie de quelqu’un. Si je m’étais arrêté là quelques secondes pour laisser le silence s’installé, je reprise rapidement en repensant à ma réflexion de tout à l’heure. « Je ne fais pas partie de ce service, je ne suis donc pas autorisée à vous faire de bilan. », admettais-je à contre cœur. J’avais les capacités pour le faire, mais je n’étais pas autorisé à adapté les traitements ni à réalisé les prescriptions nécessaires à ses soins. Même si j’étais très curieuse de voir l’évolution de cette brûlure qui avait impressionné bon nombre de personne au service des urgences. Croisant les bras sous ma poitrine, plutôt frustrée de ne pas pouvoir satisfaire ma curiosité mal placée. Je jetais un œil par-dessus son épaule au cas où mon amie pointerait le bout de son nez. « Même si je jetais un œil, je ne pourrais pas vous renouveler vos prescriptions et je ne suis pas certaine que vous seriez prêt à vous passer de vos antidouleurs pour le moment. Puis, je m’en voudrais de vous privez de la visite de cette jolie infirmière qui passe vous faire les pansements. »,ajoutais-je avec un large sourire amusée. En réalité je ne savais pas s’il était sous traitement et encore moins s’il lui était toujours nécessaire de faire des pansements. Mais dans le doute, je préférais éviter tout risque. Même si l’idée que je pouvais toujours lui demander d’attendre le médecin si j’avais le moindre doute m’effleurait l’esprit, je chassais rapidement cette idée qui n’avait rien de professionnel de mon esprit …

Les pièces du puzzle commençait à s’emboiter les unes dans les autres. Une situation, un nom, un visage, je commençais gentiment à remettre les choses dans l’ordre. J’en faisais part à mon interlocuteur, supposant qu’il était tout aussi perdu que moi. Nous avions tout les deux des bribes d’informations, pas les mêmes bien entendu, mais cela expliquais nos impressions de déjà vu. Un sourire étirait mes lèvres lorsqu’il expliquait que c’était grâce à l’équipe médicale qui était à nouveau sur pied aujourd’hui. « Nous n’avons fait que notre travail. », admettais-je en haussant les épaules. C’était en autre pour cela que j’avais choisi cette voie professionnelle, aider mon prochain, sauvé des vies. Et c’est surement parce que j’aimais mon métier que je supportais aussi bien les contraintes qu’il pouvait entraîner. Déclinant poliment sa proposition, je devais admettre que ma curiosité me donnait la dangereuse envie d’accepter son deal. Visiblement, je ne m’étais pas montrer suffisamment convaincante puisque le jeune Fawkes renouvellait sa demande. Croisant les bras sous ma poitrine, je pinçais mes lèvres l’une contre l’autre, hésitante. Très vite, Clarisse rompait le silence, sa remarque me faisait sourire. Ce n’était pas vraiment au docteur que je faisais référence, mais je devais admettre que j’appréciais l’humour de mon interlocuteur. Il ne m’en fallait pas plus pour saisir le dossier que j’avais reposé sur le bureau de mon amie. « Bien. », commençais-je en attrapant mon sac à dos avec ma main libre. « Mais vous ne m’avez pas vu et vous ne vous êtes jamais présenté ici. Compris ? », demandais-je en plantant mon regard dans le sien. J’étais tout à fait sérieuse, si ma curiosité me poussait à accepter, je savais pertinemment que je risquais ma place. Et j’avais besoin de ce job, non seulement parce que je l’aimais mais aussi parce que j’avais mon fils de cinq ans à nourrir. Passant devant, je l’invitais à quitté la pièce d’un signe de la main après avoir discrètement regardé si mon amie était dans les parages. « On va se mettre en salle de soin. A cette heure-ci, personne ne devrait y être. », lançais-je avant de me diriger dans le couloir qui menait aux chambres des personnes hospitalisées dans le service. Le changement d’équipe et les interminables transmissions allaient me laisser un peu de temps, pour effectuer ce petit contrôle. Ouvrant la porte, j’entrais avant de lui indiquer la direction de la table d’examen. Prenant le temps de refermer derrière lui et d’attraper quelques ustensiles pour les contrôles de routine, je m’installais sur le tabouret à roulette que je venais de régler à ma taille. Mes gestes étaient rapides et maîtrisé, après tout, c’était mon quotidien. « Je vais devoir vous demander de remonter la manche de votre bras valide, je vais commencer par prendre vos constantes. », lui adressais-je en détachant le scratch du brassard pour pouvoir lui enfiler. Je relevais mon regard dans sa direction, avant de lui adresser un sourire poli. « Vous avez ressentit des douleurs récemment ? Des sensations inhabituelles ? L’impression de ne plus avoir de sensation au toucher ? », l’interrogeais-je pour démarrer ce contrôle de routine. En attendant qu’il soit prêt, je jetais un rapide coup d’œil aux notes qu’avait laissé le docteur Palmer dans son dossier lors de sa dernière visite, histoire de m’assurer que je ne devais pas être attentive à certains points plus que d’autres. J’aurais aimé en savoir davantage sur le contexte de son accident, mais je devais rester concentrée pour éviter de louper le moindre élément qui me montrerait qu’il avait besoin de voir le médecin. Alors dans l’instant, je me contentais de faire ce que je faisais de mieux à savoir : mon job…